Cette semaine, on ne se sent pas très à l’aise. Ce n’est pas à cause des jeans un peu serrés du fait de no kilos en trop qu’on n’arrive toujours pas à perdre après les fêtes. Ce n’est pas non plus parce qu’on ne sait plus ce qu’on préfère, entre le beau temps glacial ou une température normale pluvieuse. Ce n’est pas vraiment non plus parce que deux hôpitaux français sont paralysés par des ransomwares, mais on en est pas loin. Ce weekend est paru le décret changeant le nom de StopCovid en TousAntiCovid #ilétaittemps mais qui autorise aussi, avec l’aval de la CNIL, l’utilisation de QR Codes pour faire du traçage de contacts dans les établissements recevant du public. L’avis de la CNIL n’exclut pas que le recueil de données soit obligatoire, par l’app ou un autre moyen, pour entrer dans certains lieux publics. Très concrètement, alors que TousAntiCovid était censée être totalement volontaire, il sera nécessaire de flasher un QR Code avec ou de remplir un carnet de rappel pour aller au resto. On vous laisse imaginer la solution qui aura la préférence de tous, en premier lieu des restaurateurs qui auront probablement mieux à faire que de gérer des carnets de rappel. Là où on commence à vraiment se tortiller dans nos jeans trop serrés, c’est qu’on se souvient bien ce qui est arrivé à Singapour dans les mêmes circonstances : les données ainsi collectées ont rapidement été utilisées à d’autres fins. Clairement, ça nous grattouille.
Sinon, côté réglementaire, la présidence portugaise du Conseil de l’Europe a accompli un miracle, celui d’obtenir une position commune sur le futur règlement ePrivacy qui passe donc en trilogue… après presque 4 ans de négociations ! La nouvelle suscite des “sentiments mitigés“. C’est aussi (c’est le moins qu’on puisse dire) ce que ressent le SPIIL à propos de l’accord Google-Presse IPG, un accord dont Reuters révèle qu’il coûtera environ 62 millions d’euros sur 3 ans à Google. Du coup on comprend mieux pourquoi Google conteste l’amende de 100 millions d’euros récemment imposée par la CNIL et la très récente décision du tribunal de commerce de Paris la condamnant à un million d’euros pour abus de position dominante sur le secteur de la pub, c’est pour financer ce deal ! On note aussi que la Cour de cassation continue de résolument montrer le chemin pour la mise en œuvre de l’open data des décisions de justice, avec l’adoption d’un rapport sur les occultations complémentaires à opérer (rapport pas encore rendu public) et un bel article récapitulatif de ses récents efforts techs.
Côté tech, ça grattouille aussi dans le secteur de la legaltech, pour qui la crise est à la fois source d’un tarissement des levées et d’une augmentation des opportunités de numérisation ; ça grattouille fort dans le secteur des startups dont les déboires de management sont dénoncés par un compte Instagram ; et le gouvernement américain va grattouiller l’application Robinhood à propos de l’épisode Gamestop. Sinon, on note la nouvelle mouture du CNNum, qui compte deux avocats et pas des moindres puisqu’il s’agit de Jean-Pierre Mignard et d’Adrien Basdevant – la mission change aussi et devient plus réflexive ; Amazon veut lancer une cybermonnaie ; Facebook veut copier Clubhouse, le nouveau réseau social à succès (cf nos lectures de la semaine) ; et TikTok ne va finalement peut-être pas être vendu à Walmart – là pour le coup avec ce feuilleton interdiction-revente-purgatoire-finalementptetpas, si on était employés de TikTok, on serait carrément dans le grattage avec un gratte-dos télescopique.
On ne peut pas se quitter sans parler de l’animal roi de la grattouille, le chat, et de l’avocat ayant activé le filtre “chat” de Zoom par erreur pendant une audience à distance. Faites la Maj, et à la semaine prochaine !