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Celle qui ne se lit pas au boulot – Maj du 29/01/19

L'actu en bref

Cette semaine, le grand débat national a commencé, y compris en ligne, et ce sous les critiques, pendant que Google fait appel de la sanction de la CNIL tout en étant invité à l’Élysée et en concluant des deals avec le Ministère de l’Intérieur, que l’AFNIC libère les données sur le “.fr” sur fond de discorde sur l’open data des décisions de justice et que la saga APB/Parcoursup continue avec le Défenseur des droits. Pas mal de news au niveau européen : l’UE a sanctionné Mastercard d’une belle amende à 570 millions d’euros en droit de la concurrence, a adopté une décision d’adéquation RGPD pour le Japon, a accueilli la nomination d’un ombudsman étasunien, et ce pendant qu’Andrus Ansip, vice-président de la Commission, livrait une interview intéressante à Euractiv. Sinon, grosse semaine pour Facebook avec une percée médiatique de Mark Zuckerberg (également disponible en français), déjà très critiquée. La rumeur court par ailleurs que les différentes messageries du réseau seront bientôt unifiées. Citons également une très mauvaise semaine pour l’emploi dans les médias, avec la fermeture d’une branche de WarnerMedia et le licenciement de 7% de Verizon Media et 15% de Buzzfeed, des dons de Google à Wikimedia, un vol de véhicule autonome Boeing, le blocage de Bing en Chine, l’affichage des radars routiers sur Google Maps, des accusations de violation de données personnelles contre Facebook et Twitter en Russie, la première victoire d’une IA contre des pros de StarCraft II et des poursuites lancées par les US contre Huawei. On se quitte sur une note culturelle : voici un guide pour apprendre l’eSport, un site sympa par Harvard pour tester vos connaissances en musiques du monde, et la liste des nominés aux Oscars, qui comprend un film Netflix, premier streamer à intégrer la puissante MPAA.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

C’est une conséquence incongrue du shutdown aux États-Unis : pendant que les fonctionnaires fédéraux étaient cantonnés chez eux, faute de budget pour les payer, le site de pornographie PornHub a connu une augmentation de 6% de son trafic en provenance de la capitale américaine. Nous passons tant de temps à nous interroger sur les impacts sociétaux, environnementaux, politiques, économiques et juridiques du numérique que nous en avions presque oublié le plus élémentaire : son impact sur le sexe. Et pourtant, les enjeux sont tout aussi complexes, tout en étant peut-être plus croustillants ?

Nouvelles pratiques, vieilles problématiques

Au-delà de l’explosion de la pornographie en ligne, qui représenterait de 5 à 15% de l’entièreté d’Internet, le numérique s’est infiltré dans nos vies romantiques comme dans tous les autres pans, amenant avec lui de nouvelles façons de se rencontrer et d’échanger, mais pas que. Maintenant que tous nos objets deviennent “intelligents” ou “connectés”, nos jouets pour le lit le sont aussi : le marché des vibromasseurs ne cesse d’intégrer des fonctionnalités numériques, permettant notamment d’interagir à distance, qu’il s’agisse d’un smartphone à quelques mètres ou d’une personne à plusieurs milliers de kilomètres de là.

Bien évidemment, ces jouets sont tout aussi sécurisés que le reste de l’internet des objets, à savoir pas du tout, et il n’aura pas fallu attendre longtemps avant que des pirates commencent à pirater des jouets érotiques, ce qui pourrait être poursuivi sur le fondement de l’intrusion dans un système informatique comme sur celui de l’atteinte sexuelle ou du viol. Si en plus le jouet stocke des données en local, ce sont donc des données relatives à vos habitudes sexuelles qui peuvent ainsi aisément être subtilisées. Le risque social est, certes, nouveau dans sa forme, mais pas juridiquement, de telles données étant en effet protégées de longue date par le droit en tant que données sensibles, que ce soit par la LIL et maintenant par le RGPD. Tous les enjeux de l’Internet des objets se répercutent ainsi dans ce nouveau marché du sexe connecté : sécurisation des objets eux-mêmes, des protocoles de communication avec d’autres appareils, des transferts des données à d’autres destinataires et du stockage de ces données sont ainsi les principaux maillons de la chaîne de sécurisation de nos vies connectées, qu’il s’agisse d’un frigo ou d’un fleshlight.

Pratiques futures

Il est cependant rare que la technologie se limite à des changements de surface de nos pratiques : rencontres en ligne plutôt que dans un bar, jouet à télécommande plutôt qu’à bouton, il n’y a somme toute rien de très étonnant. C’est sans compter de nouvelles formes de désir et de sexualité qui peuvent également commencer à émerger, notamment par le biais de la réalité virtuelle et du développement de la robotique et de l’intelligence artificielle. L’humain dessine ses fantasmes depuis toujours, et ceux-ci ont également toujours contenu une part d’imaginaire (les fresques de Pompéi sont assez explicites) ; la technologie permet désormais de visualiser ces songes, voire de leur donner corps. Il n’est ainsi pas saugrenu de concevoir d’ici à quelques années la création de vidéos pornographiques en réalité virtuelle parfaitement personnalisées selon vos désirs, ou des automates sexuels tout aussi individualisés.

Ces développements sont évidemment susceptibles de soulever un grand nombre de questions. On voit dès aujourd’hui les risques posés par les deepfakes et l’on imagine aisément les dérives similaires qui pourraient survenir avec de telles évolutions. D’une manière générale, les mutations ainsi décrites sont susceptibles de permettre la reproduction de comportements condamnables et/ou sexistes, et se posera ainsi rapidement la question des atteintes à la dignité de l’humain lorsque cette atteinte est commise virtuellement ou sur des robots (à noter que l’on n’envisage même pas ici de robot parfaitement pensant, et bien uniquement des versions améliorées de Siri intégrées à des versions améliorées des actuelles androïdes). Il ne faudra pas longtemps avant que la notion d’amour envers un robot, une intelligence artificielle ou une création virtuelle n’émerge – c’est même déjà le cas avec ce que l’on appelle la digisexualité. Au-delà de ces nombreuses problématiques, une question demeure : comment évolueront nos fantasmes, si nous devenons désormais capables de leur donner vie instantanément ?

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, avec plasticité faciale !