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Celle qui détient la vérité – Maj du 13/03/18

Emmanuel Macron aurait un compte bancaire caché dans les Bahamas et entretiendrait une liaison avec sa belle-fille. Voilà deux exemples de tentatives de fake news issues de notre campagne présidentielle. Il ne fait plus aucun doute que ces fausses informations, dont le seul but est d’être répétées à l’envi, peut avoir un impact sur la démocratie en influençant les électeurs. Parmi les candidats à l’élection de 2017, Macron était sans aucun doute le plus visé par les campagnes de désinformation, et il semble que sa victoire malgré cette circonstance n’a pas effacé le souvenir de ces tentatives de déstabilisation.

La transparence, clef de la démocratie ?

C’est ainsi que le gouvernement promet depuis quelques mois une loi pour contrer les fake news, qu’importe qu’un régime existe déjà au travers d’un croisement entre la loi de 1881 sur la liberté de la presse et le code électoral. C’est une promesse tenue, puisque l’excellent web-journal NextINpact a réussi à se procurer le projet de loi du gouvernement, qui semble faire des émules au sein de la Commission européenne.

Comme prévu, la grande nouveauté du texte est d’introduire un référé électoral permettant de saisir le juge pour que celui-ci se prononce en moins de 48 heures sur la véracité d’une information et, le cas échéant, qu’il prenne toute mesure utile pour faire cesser la diffusion de cette information. Les pouvoirs du CSA sont également revus à la hausse, avec la possibilité de refuser la diffusion d’une chaine d’information d’un Etat étranger.

Surtout, les intermédiaires d’Internet sont encore une fois mis à contribution, avec des obligations de transparence renforcées qui pèseront sur les plus grosses plateformes en ligne en renfort de celles déjà prévues par la loi pour une République numérique, et l’obligation de contribuer à la lutte contre les fake news pour les hébergeurs et les FAI, au travers notamment de dispositifs de signalement et une collaboration avec une autorité à déterminer.

Les intermédiaires, encore et toujours la solution de facilité

Force est de constater qu’une fois de plus, sous couvert de la rengaine “à grands pouvoirs, grande responsabilité”, les intermédiaires d’Internet sont au cœur du système. On peut le comprendre : ils permettent effectivement de véhiculer plus largement et efficacement les fake news, et ils peuvent effectivement agir rapidement pour contrecarrer la diffusion de ces informations.

Mais il faut néanmoins se poser la question : veut-on vraiment que Google, Facebook, Twitter, Reddit et compagnie soient les censeurs du web ? À force de mettre à leur charge des obligations de retrait de contenu et de vigilance sur la nature de ces contenus, c’est forcément ce qui va arriver, si ce n’est déjà le cas. Et ce qu’on peut accepter pour les contenus manifestement illicites (un prompt retrait), le veut-on pour des informations qu’il faut qualifier de véridiques ou de fausses ? Il serait peut-être grand temps de commencer à envisager des solutions, certes moins faciles à mettre en oeuvre, mais qui iraient chercher la source du contenu en cause. Cela aurait pour effet non seulement de prévenir qu’un même auteur commette plusieurs atteintes, mais en plus nous permettrait de nous désengager de notre relation avec ces intermédiaires. La démocratie en bénéficierait doublement.

L’actu en bref

Cette semaine, des membres de la Commission européenne ont plaidé pour une régulation commune de l’IA et pour un soutien commun aux fintechs, tout en rassurant les GAFAM sur la future réforme fiscale qui devrait porter sur les bénéfices et non le chiffre d’affaires. En d’autres news, Blackberry a commencé à jouer au patent troll en assignant Facebook en contrefaçon de brevets logiciels sur les messageries instantanées, Carrefour a annoncé avoir installé une blockchain pour traquer ses poulets fermiers, Google a fait un pas dans le futur avec de nouvelles puces quantiques, le chinois WeChat a dépassé le milliard d’utilisateurs actifs mensuels, les grands acteurs du web ont réagi au projet de loi fake news et une juge américaine va devoir déterminer si le fait pour Trump de bloquer des gens sur Twitter porte atteinte à leur premier amendement (liberté d’expression).

À ne pas rater cette semaine

Surtout, on vous conseille donc la lecture du travail de NextINpact sur le projet de loi fake news, que l’on accompagne d’une étude démontrant que les fake news se propagent plus rapidement que les true news, mais aussi de prendre une bonne demi-heure pour lire un article du New Yorker sur l’attitude du réseau social Reddit face à la prolifération de contenus haineux et des fake news sur sa plateforme : vous ne connaissez peut-être pas Reddit, et pourtant, c’est le 4ème site le plus visité au monde et un vecteur du meilleur comme du pire de ce qu’Internet a à offrir, et ce long article vous permet de le découvrir de l’intérieur.

On parle également de délit d’initié au sein du plus grand site d’échange de cryptomonnaies du monde, Coinbase et de l’adoption du Règlement européen contre les blocages géographiques de eCommerce. Niveau IA, on apprend que Google collabore avec le Pentagone sur des drones, et on se penche sur le problème “d’hallucination” de l’IA, qui consiste à modifier des pixels sur des images pour en changer complètement la perception qu’en a une IA – pas très encourageant quand on se dit que ça peut faire confondre un signe “stop” avec un signe “vous avez la priorité” à une voiture autonome… Enfin, la justice administrative a dû se pencher sur l’âge à partir duquel un homme ne peut plus avoir recours à ses paillettes de sperme congelé pour procréer – réponse : 59 ans – et la personnalité qualifiée de la CNIL fait office de rempart contre les blocages administratifs excessifs. On se quitte sur une longue douche avec Adrien, qui vous propose deux shower thoughts : une première sur le responsable de traitement de la Déclaration Sociale Nominative et une seconde sur les éventuelles obligations de contracter avec des clients hors de l’UE pour un sous-traitant européen.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

Signé Aeon


#gdpr

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Sous-traitant établi dans l’Union Européenne, dois-je conclure un contrat avec mes clients qui ne le sont pas ?

A qui s’applique vraiment l’article 28 du nouveau règlement général sur la protection des données ? Les sous-traitants européens devront-ils s’efforcer de faire accepter des contrats GDPR-compliant avec leurs clients américains, chinois ou japonais, quand bien même le traitement ne concernait personne dans l’Union ? Pris strictement à la lettre, le GDPR fait parfois frémir : essayons donc ensemble d’y remettre un peu d’ordre…

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#donnéespersos

#DSN

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Déclaration Sociale Nominative : qui est responsable du traitement de données à caractère personnel ?

La DSN, ce petit miracle de simplification administrative… mais vrai casse-tête pour la réglementation des traitements de données personnelles : à qui donc, dans tout ce joli dispositif, revient la qualification de responsable du traitement ? L’employeur, l’organisme public destinataire des données ? N’y aurait-il pas de la sous-traitance façon GDPR dans l’affaire ? Affrontez la face cachée des déclarations sociales avec Aeon.

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Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, avec des bulles