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Celle qui ne télécharge plus de films – Maj du 11/09/18

L'actu en bref

Cette semaine est une semaine de chiffres : plus de 1000 milliards de $ de valorisation boursière pour Amazon, 26% de suppression de l’app Facebook aux USA, 2 770 plaintes déposées à la CNIL depuis le 25 mai, soit une augmentation de 56% par rapport à l’année dernière, 380 000 cartes bancaires dérobées du site de British Airways, 279 millions d’euros de copie privée collectés par les sociétés de perception en 2017, 2 milliards d’euros levés par les startups française au 1er semestre, et 20 ans pour Google… une semaine très numérique ! A noter également, après l’utilisation des listes de diffusion de son ministère par Marlène Schiappa pour la promotion de son livre, le SMS de rentrée envoyé par Laurent Wauquiez aux lycéens de sa région, mais aussi la fin du compte Twitter le plus démocratique du monde et le lancement d’un moteur dédié à l’open data par Google. Côté réglementaire et jurisprudence, la décision Twitter v. UFC a été rendue publique, et l’on y lit quand même que “la fourniture de données collectées gratuitement puis exploitées et valorisées par Twitter doit s’analyser en un « avantage » au sens de l’article 1107 du code civil, qui constitue la contrepartie de celui que Twitter procure à l’utilisateur, de sorte que le contrat conclu avec Twitter est un contrat à titre onéreux” ; la Commission a validé le rachat de Shazam par Apple et l’ARCEP a refait son site. On conclut sur la ressource utile de la semaine, le site dédié au prélèvement à la source désormais officialisé pour sûr pour la rentrée prochaine.

Faites la maj, et à la semaine prochaine !

On se souvient tous de la fameuse pub “voler une voiture ? jamais / télécharger des films piratés, c’est du vol” – comment ne pas s’en rappeler quand elle précédait toute diffusion de films pendant les années 2000 ? Le temps a bien changé, puisque le téléchargement sur Internet n’est presque plus un sujet. Le droit d’auteur, lui, l’est encore, voire plus que jamais.

Le pirate et le créateur

L’idée n’a rien de neuf : l’informatique et Internet, en permettant de numériser les contenus et de relier la planète, ont décuplé les possibilités de partage de la culture. Pour certains, comme le mouvement pirate, ces possibilités devaient aller de pair avec une baisse drastique des coûts (voire la gratuité), et surtout, la possibilité de remixer et repartager le contenu obtenu. Cette réflexion est la base des mouvements open source et open culture, qui militent ainsi pour que le droit d’auteur n’empêche pas le libre partage et la réadaptation. La création des licences open source est d’ailleurs une belle boutade, puisqu’il s’agit d’utiliser cet outil de contrôle de l’exploitation d’une œuvre pour permettre toute exploitation.

Ce militantisme idéologique s’est très vite heurté à la réalité du marché, qui est que l’industrie culturelle ne pourrait très probablement pas survivre (au même rythme de production du moins) dans de telles conditions. Le jeu du chat et de la souris était donc lancé, et face aux sites de partage de contenus, les initiatives réglementaires et judiciaires se sont multipliées. Le procès de ThePirateBay est probablement l’un des plus médiatisés de cette ère, tandis qu’en France est née la fameuse Hadopi, avec ses non moins célèbres lettres recommandées. Inaperçue ou presque, une proposition semblait vouloir mettre tout le monde d’accord : la licence globale, ou contribution créative, consistait ainsi à prélever un certain montant sur l’abonnement Internet de tous les abonnés, afin de permettre un téléchargement licite et sans limites, et une redistribution juste au pro rata du téléchargement. La proposition n’a pas convaincu l’industrie culturelle, et est morte sans bruit.

La nouvelle scène du droit d’auteur

Le monde a bien muté depuis, mais le droit d’auteur est toujours sur le devant de la scène, et toujours pour les mêmes raisons : les difficultés d’adaptation d’un droit créé pour contrôler la diffusion d’actifs immatériels dans un monde où l’immatériel peut être dupliquer aussi simplement qu’avec un “ctrl + C / ctrl + v”. Outre les débats actuels sur la proposition de réforme de la directive droit d’auteur, qui a notamment pour projet d’accorder un droit voisin aux éditeurs de presse (on espère que la liberté de faire des liens non commerciaux sera maintenue), le bras de fer sur l’économie de la culture en ligne continue.

Les acteurs, eux, ne sont plus du tout les mêmes. La Hadopi est à l’agonie, à tel point que le Ministère de la Culture est à nouveau en train de présenter un plan de résurrection. ThePirateBay est tombé plusieurs fois, a toujours réussi à se relever, mais n’est plus sur le devant de la scène. Celle-ci est désormais occupée par des acteurs dont le business model est de faire payer un abonnement pour permettre l’accès à un catalogue d’œuvres quasi illimité… l’idée semble familière…

Le changement d’économie aura été brutal : d’un bras de fer avec des pirates, l’industrie culturelle est passée à un combat de catch avec les plateformes de diffusion. Le débat est piquant puisque chaque partie reproche à l’autre d’être un intermédiaire dont on peut se passer : les plateformes telles que Spotify ou Netflix sont une étape de plus pour que le contenu arrive au consommateur, mais elles sont désormais capables de passer des contrats directement avec les créateurs, sans passer par les maisons de production. La lutte est profonde, et irrigue tous les champs : les festivals de cinéma doivent désormais décider s’ils s’ouvrent à Netflix, pendant que la chronologie des médias doit être repensée.

Si le paradigme économique a beaucoup changé depuis ThePirateBay, le combat idéologique, lui, reste le même : qui doit profiter, et à quel prix, de la production culturelle ? Pour ce qui est des ayants droit et des plateformes de diffusion, le combat du partage de la valeur ne fait que commencer.

Le Gif de la semaine


A la semaine prochaine, sans soif !