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Celle qui n’est pas allée sur la Lune – Maj du 22/01/19

L'actu en bref

Cette semaine, la CNIL a bien fait parler d’elle, en prononçant la plus grosse amende jamais infligée sur le fondement de la protection des données personnelles, après des plaintes collectives : 50 millions d’euros pour Google qui aurait mal informé ses utilisateurs et n’aurait pas recueilli leur consentement correctement (décision susceptible de recours devant le Conseil d’État). La décision, le commentaire par NextINpact, la réaction de noyb et de la Quadrature du Net, plaignantes. Mais ce n’est pas tout : on connait désormais la probable future présidente de la Commission, qui continue par ailleurs son travail quotidien en publiant un cahier intéressant sur le design et son impact juridique. On continue sur les données persos avec une autre grosse décision, cette fois d’un TGI Belge à l’encontre de Facebook, qui risque par ailleurs une amende record aux USA pour Cambridge Analytica, tandis que la loi informatique et libertés est publiée en version consolidée (post ordonnance de réécriture) et que noyb continue les plaintes, cette fois contre les services de streaming. Également quelques news jurisprudentielles, avec la relaxe en cassation de Maître Eolas dans l’affaire du cacagate, McDo pourrait perdre sa marque européenne “Big Mac”, et une perquisition est nulle si réalisée en présence de journalistes. Sinon, la fronde des villes contre les locations professionnelles AirBnB s’organise, le Défenseur des droits dénonce l’inégalité d’accès aux services publics dématérialisés, Jeff Bezos le patron d’Amazon divorce, les États généraux du numérique n’attendent que votre contribution, le shutdown américain entraine la fermeture de sites publics pour défaut de renouvellement du certificat SSL, la France se dote d’une doctrine cyber offensive, un sénateur envisage de faire un droit voisin pour les éditeurs avant la directive droit d’auteur, le Brexit signifie la fin du “.eu” pour les britanniques, la Chine censure Twitter en traquant ses utilisateurs et a enfermé He Jiankui, l’auteur des bébés génétiquement modifiés, pendant que Facebook annonce un centre de recherche sur l’éthique, des changements dans les règles de comptage des membres d’un groupe qui font bondir les gilets jaunes, que WhatsApp prend des mesures anti fake news et qu’une association somme les géants du net de ne pas vendre leur tech de reconnaissance faciale aux États. On se quitte sur une vidéo remasterisée de Paris en 1890, et deux belles conférences cette semaine : IA et sexisme, avec la participation de Hugo, et un gros clash Google/Quadrature du Net sur la directive droit d’auteur !

Grosse semaine, alors faites la Maj, et à la semaine prochaine !

Et si tous les grands événements de l’Histoire n’étaient que mensonges martelés par l’État pour nous maintenir dans une confortable et béate attitude d’obéissance ignorante ? La Terre est plate, l’Homme n’est jamais allé sur la Lune, et le 11 septembre a été commandité par les États-Unis, et ceux qui découvrent ces vérités sont comme Neo : ils sont capables de voir les bugs dans la matrice.

Complot ou fake news

La promesse des débuts d’Internet était que le réseau allait permettre à l’humanité de partager plus aisément contenus, pensées, culture. C’est le cas, mais le web permet tout aussi aisément de partager infox (pour utiliser le terme consacré) et théories complotistes. Le Monde montre ainsi cette semaine comment Netflix, Amazon Prime et les autres sites de streaming, qui sont donc censés sélectionner leurs contenus, sont tout aussi accueillants pour les contenus conspirationnistes que ne l’est YouTube, hébergeur. Internet est ainsi vecteur de la propagation quasi instantanée de tous types de contenus, sans discriminer, ce qui peut avoir ses désavantages quand la ligne entre opinion complotiste et fake news devient ténue.

C’est en effet grâce à la rapidité de diffusion de l’information et à la tendance à ne lire que le titre de l’article (c’est pour ça que nos titres de Maj sont si cryptiques) et à ne pas vérifier systématiquement les informations communiquées que les fake news se diffusent, leur plus grande différence avec les contenus conspirationnistes étant que ces dernières ont pour but de semer le trouble. On pourrait ainsi argumenter que les contenus conspirationnistes ne sont “que” des opinions contredites par la science, mais sans intention de nuire, tandis que la fake news a un caractère intentionnel visant à induire en erreur le public visé. Dans les deux cas cependant, nous sommes invités à repenser la notion de vérité : qui la détient, qui peut s’en porter garant, et surtout, comment éviter, à l’heure de l’instantanéité, que de fausses vérités soient diffusées ?

Liberté ou licence d’expression

Bien sûr, ces débats ne sont pas le propre du monde contemporain : ils ne sont qu’exacerbés par Internet mais existent depuis toujours. In fine, il s’agit bien de se demander comment contrôler la diffusion de l’information, qu’il s’agisse des “vérités alternatives” et autres contenus complotistes ou des contenus censurés par les régimes autoritaires. C’est tout le paradoxe, extrêmement compliqué à gérer effectivement, de la lutte contre les fake news et autres théories du complot : ne pas lutter, c’est prendre le risque que la société n’ait plus la vérité comme valeur, tandis que contrôler la parole, c’est très rapidement tomber dans la censure.

Le seul moyen de se défaire de ce paradoxe est d’accepter que la liberté totale d’expression, celle de la parole sans bride, n’est en fait qu’une licence d’expression, au sens kantien du terme : seule une véritable liberté d’expression peut permettre de résoudre notre problématique, à savoir une liberté qui s’exprime dans le cadre de règles consenties qui délimitent la voie au sein de laquelle l’on peut agir délibérément. C’est pourquoi l’injure, la diffamation, le harcèlement, les incitations à la haine, à la discrimination ou à la violence, ou encore les propos négationnistes sont interdits en France : nous avons de longue date adopté une liberté d’expression conforme à l’article 4 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Reste à voir comment définir le contenu complotiste ou la fake news sans tomber dans la censure : qui a dit que l’on pouvait résoudre le paradoxe facilement ? Nous ? Prouvez-le !

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, bien revigorés pour affronter le froid !