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Celle dont la recette évolue – Maj du 11/06/19

L'actu en bref

Cette semaine était bien chargée, et il est difficile de savoir par où commencer, alors nous débuterons par le GAFAM qui a le plus fait parler de lui, Google : avec des annonces de nouvelles politiques plus dures de lutte contre les contenus haineux sur YouTube (en parallèle, les YouTubers français ont créé une “guilde des vidéastes”) et de nouveaux détails sur son futur service de jeu vidéo dans le cloud Stadia, des menaces de poursuites contre Google Shopping en droit de la concurrence aux USA, des plaintes RGPD coordonnées dans 7 pays européens contre son système d’enchères en temps réel, le lancement d’une fonctionnalité de recherche d’emplois et le rachat de Looker, une plateforme de statistiques business, pour 2,6 milliards de dollars, la semaine n’aura pas été de tout repos. Pendant ce temps, les investisseurs de Facebook votaient en majorité pour le départ de Zuckerberg, qui dispose cependant d’un contrôle majoritaire sur les voix votantes, Apple tenait sa grand-messe annuelle dont voici les éléments à retenir tout en se faisant assigner aux US en droit de la concurrence à propos de l’AppStore par des développeurs, Microsoft effaçait sans bruit une gigantesque base de données d’entrainement de reconnaissance faciale publiquement accessible et créée sans consentement tout en passant un accord avec le fisc français pour un léger (350 millions) redressement fiscal et Uber révélait la prochaine mise sur le marché new-yorkais de vols en hélicoptère. On note également le fait que de nouvelles boites quittent le navire Huawei, et ce alors que la Chine muscle le ton contre les entreprises qui se conforment aux directives américaines et que Google prévient que la situation pourrait entrainer des risques pour la sécurité, la tenue du plus grand salon mondial du jeu vidéo, l’E3, et l’ouverture par la NASA de vols commerciaux jusqu’à la Station Spatiale Internationale (35000 la journée + prix du voyage).

De notre côté de l’Atlantique, l’inspection générale des finances milite pour une réforme du droit de la concurrence européen en écho à la décision Alstom-Siemens, la CNIL sanctionne une société d’une amende de 1% de son chiffre d’affaires (400 000 €) pour atteinte à la sécurité des données et non-respect des durées de conservation, la CJUE considère que Skype est un service de communications électroniques au sens du paquet télécoms pendant que son avocat général ne ferme pas la possibilité pour un juge européen d’ordonner la suppression mondiale de contenus, le service des archives de France lance une application pour savoir si un document d’archive est communicable et réutilisable ou non, l’EDPS pointe des défauts de conformité au RGPD des sites institutionnels européens, le CNC lance une aide à l’écriture de jeux vidéo, l’ANSSI fête ses 10 ans, la Cour de cassation rend un arrêt phare sur les liens entre nom de domaine et marque, la ville de Paris annonce des mesures draconiennes contre les trottinettes électriques en free-floating, la mise en ligne d’un formulaire de vote pour 40 propositions en vue des états généraux de la profession d’avocat, et l’adoption de la nouvelle directive PSI par le Conseil.

On se quitte sur la news inquiétante que l’entrainement d’un modèle d’IA est peu durable, et sur cet article dont le titre est assez éloquent seul : “Des hackers de haut niveau percés à jour par une commande de houmous“.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

Nous avons l’habitude de présenter Internet comme un formidable réseau de communications ayant permis de transcender les frontières et de rendre possible des échanges instantanés, qui sont aujourd’hui le cœur de la civilisation moderne développée. Cette définition est correcte, mais le dernier adjectif importe énormément car l’image d’Internet aujourd’hui est principalement celle issue de son usage par les pays développés (nous avons déjà évoqué la fracture numérique). Au fur et à mesure que l’ensemble de la planète s’y connecte (ce serait désormais le cas de 55% de la population mondiale), la recette d’Internet risque d’évoluer : sera-t-elle alors toujours à notre goût ?

Une recette déjà bien altérée

À retracer l’histoire du net, force est de constater que la recette actuelle est déjà bien différente de celle de sa création. Il est bien connu que la naissance du net est d’abord due à des recherches militaires américaines dont le but était la création d’un réseau de communications robuste, au sens de difficile à faire tomber. C’est avec le projet ARPANET, né dans les années 80, que le Ministère de la Défense américain a posé les bases du net, ce premier réseau utilisant les mêmes protocoles technologiques que le réseau Internet d’aujourd’hui (TCP/IP). En 1990, ARPANET a pris sa retraite au profit d’un autre réseau, NSFNET, bientôt connecté à des réseaux universitaires qui naissaient en parallèle un peu partout sur Terre. L’architecture ouverte d’Internet était ainsi née, avec la connexion entre eux de différents réseaux d’échanges d’informations, ce qui constitue toujours la manière de fonctionner d’Internet (qui, rappelons-le, comprend non seulement le web, le réseau d’échange d’informations que nous connaissons bien, mais aussi des protocoles de transfert de contenus comme le FTP ou l’email).

Le web, justement, est né du travail d’universitaires au CERN. À la suite de la connexion entre eux de ces différents réseaux informatiques, le besoin d’un protocole d’échange d’informations automatique et aisé à prendre en main pour fluidifier les échanges entre les universités connectées s’est fait ressentir. C’est dans ces conditions qu’en 1989, Tim Berners-Lee (souvent appelé le père du Web) a créé le protocole HTTP, la première page web (remise en ligne ici) et le premier navigateur web. Le 30 avril 1993, le code du web a été ouvert au public, permettant ainsi la dissémination du réseau. L’idée de départ de Berners-Lee était ainsi loin des considérations militaires d’ARPANET : la création du web était guidée par des principes de progression globale de la recherche, cette dernière étant considérée comme une échelle mondiale sur laquelle tout chercheur était invité à rajouter un barreau, dans un but de bien commun.

À chacun sa sauce secrète

Force est de constater que le net d’aujourd’hui est lui aussi bien différent de celui de sa création – ce qui pousse même Berners-Lee à vouloir le refonder. D’un réseau décentralisé conçu pour la recherche et le bien commun, dont la création avait entrainé de grands mouvements de prise de liberté et de consécration de certaines valeurs humanistes comme le partage et l’égalité, le web est aujourd’hui largement dominé par nos sociétés développées et par les géants qui en sont issus. Les échanges sont ainsi beaucoup plus tournés vers l’individu que la société, et seule l’infrastructure technique du réseau est toujours décentralisée, la majorité des flux étant désormais tournés vers quelques services en particulier.

Le web de demain risque d’être encore plus différent. Une étude par the Economist montre ainsi cette semaine que la principale raison de se connecter à Internet des pays émergents est le loisir, et non l’accès à l’information. L’accès au web semble être donc non pas un moteur de développement, mais plus un moyen supplémentaire de passer le temps, aujourd’hui la vraie raison d’être du net. La majorité des 25 premières apps en termes de chiffre d’affaire sur les app stores de Google et d’Apple sont des jeux, et les plus grands sites et applications du net sont la consécration de cette idée de faire passer le temps pour l’individu : Facebook, YouTube, Instagram, Snapchat, TikTok, WhatsApp, autant d’outils d’écoulement du temps pour chaque personne prise individuellement. Au fur et à mesure que le monde en voie de développement se connectera au net dans cette optique, la centralisation autour du loisir personnel s’accentuera, laissant de plus en plus de côté les idéaux originels de partage généralisé de connaissance. Peut-être est-ce le moment d’assurer que les bases de la recette de départ ne disparaissent pas complètement ?

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, avec étonnement !