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Celle qui n’a plus de pièces – Maj du 14/01/20

L'actu en bref

Cette semaine aura été similaire à un début de partie d’échecs : chaque camp a placé ses pions en attendant de comprendre la stratégie de l’autre. Pendant que Thierry Breton confirmait la réouverture de la directive eCommerce et réaffirmait les velléités de l’Europe de reconquérir le marché de la donnée, mais en imposant ses conditions, les GAFAM faisaient savoir que l’idée était bonne mais pas trop et les États-Unis devenaient l’énième pays à sortir des principes de confiance dans l’IA tout en incitant l’UE à réguler plutôt moins que trop. Les débats de l’année sont posés. D’autres ont fait savoir leur position de manière beaucoup plus claire : Sonos assigne Google en justice pour contrefaçon de ses enceintes – Amazon ne devrait pas tarder à recevoir la visite d’huissiers pour la même raison – et ce pendant qu’Uber se lance à l’assaut de la loi californienne tendant à faire reconnaitre les chauffeurs comme des salariés. Notons aussi la fin des vœux annuels pour Mark Zuckerberg, qui fait 10x et présente désormais des projets pour la décennie à venir ; SpaceX lance 60 autres satellites et devient le plus grand opérateur au monde ; Eric Leandri, controversé cofondateur et dirigeant de Qwant, prend du reculle communiqué de presse ; et Google a annoncé les vainqueurs de son appel d’offres pour figurer parmi le panel de moteurs de recherche proposés sur les nouveaux Android (mesure prise en écho à l’amende de la Commission européenne). En d’autres news, l’Autorité de la concurrence a présenté ses priorités (pas très originales) pour 2020 tout en annonçant la création d’un service de l’économie numérique ; un anglais a échoué à faire reconnaitre une IA comme inventrice d’un brevet ; un chinois a réussi à faire reconnaitre une IA comme auteure d’un article ; Paola Forteza présente sa stratégie pour ne pas rater le virage technologique du quantique ; et la commission mixte paritaire a échoué pour la loi Avia, qui va donc finir avec les députés. On se quitte sur le meilleur et surtout le pire du CES 2020.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

Si son usage continue à décliner de manière constante, la Suède pourra techniquement se passer de monnaie sonnante et trébuchante, de cash, d’ici 2023 : toute l’économie ne fonctionnera plus que par paiements numériques. L’occasion pour nous de nous plonger un peu dans la révolution numérique de la monnaie.

Une très brève histoire de la monnaie

Paradoxalement, la monnaie (et avec elle, les moyens de paiement) fait en effet partie des premiers secteurs bouleversés par le numérique, pour ensuite stagner pendant un certain nombre d’années avant de connaitre des sursauts récents. L’histoire de l’innovation monétaire a été plutôt calme : on trouve des traces de trocs au moyen de coquillages et autres objets inutiles, précieux et rares plusieurs millénaires avant JC. Le développement de la monnaie telle que nous la connaissons, émise par une autorité centralisatrice pour simultanément agir comme unité de compte, unité d’échange et réserve de valeur est intimement lié à la complexification des sociétés : il est beaucoup plus aisé de régner sur un large territoire si l’on contrôle la manière dont les échanges fonctionnent, et donc si l’on s’accorde sur/impose une unité de valeur commune. De telles sociétés sont apparues relativement tôt, et notre bon vieux cash est en vérité déjà bien ancien : on date la création des premières pièces étalonnées et estampillées par une autorité centrale au 7ème siècle avant JC.

La monnaie n’a alors connu que peu d’évolutions jusqu’au 20ème siècle : les seules innovations notables sont dans le domaine des moyens de paiement, avec le chèque et le billet de banque. Ce n’est que depuis le 20ème que de nombreux bouleversements ont eu lieu, d’abord sur la notion même de monnaie (abandon de l’étalon-or pour l’avènement de la monnaie scripturale, qui compose aujourd’hui très majoritairement la masse monétaire) puis sur les moyens de la détenir et de l’utiliser. On pense d’abord à la carte de crédit à puce, apparue dans les années 70, puis à l’avènement progressif du paiement sur Internet par le biais des banques traditionnelles et par la suite des nouveaux intermédiaires de paiement du net, PayPal et cie.

Cashless and privacyless

Le cash a survécu un certain temps à notre époque de la carte bancaire et de PayPal, mais cela va-t-il durer ? Il y a d’abord l’accélération toujours plus poussée de la modernisation des moyens de paiement : on peut désormais payer de toutes petites sommes sans contact, soit avec une carte bancaire classique, soit avec un smartphone utilisant un système de paiement des GAFAM ou d’une néobanque. Il y a ensuite le développement massif des monnaies électroniques : la fièvre Bitcoin est passée (comme nous le prédisions), et l’on parle désormais de stablecoins indexées sur une ou plusieurs devises nationales (Libra), voire de monnaies électroniques étatiques. La Chine est ainsi en train de finaliser le développement de son yuan électronique, qui sera probablement une première initiative en la matière.

Au-delà de l’excitation légitime (et que nous partageons) que l’on peut ressentir face à ces nouvelles innovations qui vont grandement faciliter et fluidifier les échanges, des choix de société sont à considérer. Le cash est peu pratique par rapport au sans contact mais il est aujourd’hui le seul moyen de paiement véritablement anonyme : les seules traces d’un paiement en espèces sont d’éventuelles bandes de vidéosurveillance. L’utilisation de tout autre moyen de paiement équivaut à accepter (ou du moins tolérer) un traitement automatisé de données personnelles. Les implications sont nombreuses, la plus importante est peut-être celle-ci : il reste essentiel d’assurer la préservation du seul moyen de paiement anonyme. Et alors que secteur public, secteur privé traditionnel (banques), secteur privé établi (GAFAM) et secteur privé entrant (néobanques et services) se lancent tous dans la course à l’innovation financière, une question s’impose : à qui ferez-vous confiance pour la création de monnaie et le traitement des données liées à l’utilisation des moyens de paiement associés (et donc, de votre vie) ?

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, en vous souhaitant une bonne continuation de grève !