On en parlait un peu comme d’une éventualité improbable mais pas totalement impossible, en mode “chéri(e), et si on déménageait en Thaïlande ?” ou encore “chéri(e), et si on investissait tout notre argent en Bitcoin ?” (le moment c’était avant qu’il dépasse les 58 000 dollars). Et bien ce qui est sûr c’est que Mark Zuckerberg, lui, ne se pose pas ces questions : s’il veut quelque chose il fonce – c’est peut-être pour ça qu’il est Mark Zuckerberg. C’est ce que l’Australie toute entière a appris la semaine dernière quand les articles de presse ont totalement disparu de la plateforme. En cause : un projet de loi australien qui forcerait les géants du net qui diffusent des contenus journalistiques à partager leurs revenus publicitaires avec les médias. La proposition se démarque quelque peu de notre droit voisin des éditeurs de presse en ce qu’il s’agirait d’un véritable droit à rémunération : le texte forcerait une négociation pour un prix qui serait fixé par un arbitre si aucun accord n’était trouvé, la seule constante étant que prix il y aura. La situation diffère donc (du moins théoriquement) de notre droit voisin des éditeurs de presse, qui connait des exceptions. Google, qui avait tenté de se baser uniquement sur ces dernières, a cependant été condamné par l’Autorité de la concurrence, et semble ne pas vouloir réitérer l’expérience : le moteur de recherche a annoncé avoir trouvé des accords avec les principaux titres australiens. Reste donc Facebook qui choisit l’option du déménagement en Thaïlande et, pour la première fois autant qu’on s’en souvienne, s’oppose frontalement à un État et un projet de législation en “quittant” tout simplement cet État, i.e. en bloquant tous les journaux australiens. Du jamais vu – si Google avait déjà bloqué des journaux de son moteur de recherche, c’était dans le cadre d’un litige privé avec ces mêmes journaux. À voir quelle stratégie sera la bonne – ce qui est sûr c’est que le move fait couler de l’encre, plutôt négative, et donc on vous propose de faire contrepoids en vous donnant les arguments de Facebook, qui sont ce qu’ils sont : contrairement à Google qui indexe tous les sites, Facebook ne va pas chercher les contenus, ce sont les médias qui les postent sur son réseau. La relation serait donc différente. Par ailleurs les liens vers les sites de médias ne représenteraient qu’une infime partie de ce qui est partagé, diminuant encore plus la légitimité d’une rémunération. Alors, on fait les cartons ?
Ce n’est pas tout pour notre cher Mark et ses copains GAFAM, puisqu’une nouvelle audition des PDG des principales plateformes est prévue au Parlement américain ; la guerre continue entre Epic Games (Fortnite) et Apple, en droit de la concurrence européen ; Google paie une amende transactionnelle de 1,1 million d’euros à la DGCCRF ; l’app coqueluche du tout Silicon Valley, Clubhouse, serait peu respectueuse de la vie privée ; et l’Internet via satellite d’Elon Musk a l’autorisation de l’ARCEP de se lancer en France.
Sinon, le gouvernement vient d’annoncer un plan d’un milliard d’euros pour la cybersécurité, qui tombe à pic vu que l’AFNOR a été victime d’une cyberattaque et que c’est probablement le cas d’un grand nombre d’entreprises qui utilisaient le logiciel Centreon ; l’UE a commencé la procédure d’adéquation RGPD du Royaume-Uni, qui ne s’annonce pas sans embûches ; le CSA se prépare au DSA – on écrit de ce pas à la Commission européenne pour nous permettre de continuer à faire l’alphabet des SA ; et l’Ambassadeur pour le numérique vient de lancer une base intéressante compilant les CGU des principales plateformes ainsi que leur historique, permettant des services comme le nouveau Scripta Manent qui permet de comparer deux versions dans le temps. On se quitte sur les magnifiques images du nouveau robot à s’être posé sur Mars, Perseverance. Faites la Maj, et à la semaine prochaine !