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Celle qui ne vous recalera pas – Maj du 19/06/18

L'actu en bref

Cette semaine, c’était la grand-messe du jeu vidéo à Los Angeles, Tesla cède à la pression de ses actionnaires et va licencier 9% de ses effectifs, de nouvelles règles de sécurité aérienne sur les drones ont été adoptées par le Parlement européen, Twitter tente de renforcer ses fonctionnalités “news”, les réponses de Facebook au parlement étasunien ont été rendues publiques (bas de page), Google va investir dans le géant ecommerce chinois JD.com, des employés de Fitbit sont poursuivis pour vol de secrets d’affaires, la cour d’appel annule les comptes du barreau de Paris pour 2015, la Commission Européenne dévoile l’European AI Alliance et les 52 experts de son comité consultatif sur l’IA, France TV, TF1 et M6 réussissent un Salto et s’allient pour contrer Netflix, et la CNIL met en garde contre les arnaques au RGPD. Enfin, pour boucler la semaine, on vous propose ce petit jeu très bien fait sur les données personnelles.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

La relation de YouTube avec les ayants droit a toujours été un je-t’aime-moi-non-plus mouvementé : d’un côté, la plateforme offre des perspectives d’audience renouvelées et inégalables ; de l’autre, la contrefaçon a toujours été diffusée en masse sur le site. C’est pour répondre à cette situation et partir en lune de miel que le géant de la vidéo a développé le système ContentID : les ayants droit fournissent leurs œuvres à YouTube, qui en extrait un masque pour ensuite comparer ledit masque à toute vidéo uploadée sur la plateforme. Si la vidéo contient une œuvre protégée ainsi reconnue, le titulaire des droits peut au choix ne rien faire, monétiser la vidéo ou la bloquer. Grâce à ce système génial qui fait des adversaires d’antan de nouveaux partenaires, la relation est de longue date au beau quasi fixe.

Un système à vocation universelle ?

L’idylle est tellement sublime qu’elle fait des émules : la proposition de réforme de la directive européenne sur le droit d’auteur contient un article 13 qui, si la directive devait être adoptée telle quelle, imposerait à toutes les grandes plateformes d’échange de contenus “le recours à des techniques efficaces de reconnaissance des contenus“… comprendre, à ContentID. Or, si le système fonctionne plutôt bien du point de vue des ayants droit, nombreuses sont également les critiques : la technologie est capable de reconnaitre le masque d’une œuvre, mais pas d’appliquer les règles complexes du droit d’auteur telles que les exceptions de courte citation ou de parodie, et encore moins de détecter une utilisation licite sous licence…

Le risque du déploiement généralisé d’algorithmes censeurs est massif : tout un pan de la culture Internet dépend du partage de contenus et de ces exceptions au droit d’auteur peu aisées à intégrer à une intelligence artificielle, si “intelligente” soit-elle. Chacun retrouve à peu près ses petits avec ContentID parce que le nombre d’œuvres protégées dans la base de données de Youtube reste somme toute limité, et qu’il est possible de contester les décisions de l’algorithme. La généralisation du système à tout site permettant le partage de tout type d’œuvres serait l’équivalent de tenter de contenir un tsunami avec un seau. La conséquence : les plateformes seraient obligées de durcir leurs programmes de détection afin de ne pas voir leur responsabilité engagée.

La lutte contre les robots videurs

La fronde s’organise donc contre cette proposition, avec notamment comme le titre NextINpact, “un déluge de critiques“, ou encore une lettre ouverte des pères fondateurs du web (PDF). Plus récemment, c’est le Rapporteur spécial à la liberté d’expression de l’ONU qui a pris la plume (PDF). Pour cause : le projet sera examiné le 20 juin en commission des Affaires juridiques au Parlement européen. Même Google en vient à critiquer son petit, pour ne pas voir de nouvelles obligations plus drastiques remettre en cause son statut d’hébergeur.

In fine, à l’heure de l’algorithmisation croissante de la société et de la défiance contre les GAFAM, le comble est que le législateur lui-même souhaite automatiser la lutte contre la contrefaçon. Le choix appelle forcément quelques questionnements : souhaite-t-on déléguer toujours plus de décisions à l’intelligence artificielle ? Quel impact sur la culture ? Le droit d’auteur en sera-t-il véritablement plus protégé ? Enfin, la régulation d’Internet doit-elle vraiment passer par des robots videurs, qui seraient les garants de nos libertés sur l’espace virtuel ?

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, avec de-trex-érité