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Celle qui réside dans le nuage – Maj du 27/11/18

L'actu en bref

Cette semaine, impossible de faire bref sur l’actu, il y en a trop. On commence par le plus dingue : tout en commençant à déployer son système de score réputationnel, la Chine annonce la naissance de Lulu et Nana, les premiers bébés nés d’embryons génétiquement modifiésflashback au début d’année. Pas mal de news #GDPR aussi : le Parlement britannique a saisi des documents internes à Facebook, tandis que Mark Zuckerberg a annoncé envoyé un cadre de la société témoigner devant ces mêmes parlementaires, qu’on apprend que la première amende serait tombée au Portugal (400 000 € contre un hôpital), que la décision Vectaury de la CNIL fait réagir l’IAB, dont le référentiel était utilisé par Vectaury, que la CNIL fait un bilan à 6 mois et que l’EDPB (nouveau G29) publie des guidelines sur la portée territoriale du Règlement. On note aussi la chute brutale du cours des cryptomonnaies et de la bourse, surtout tech, faisant de Microsoft la première valorisation boursière du monde, un accord à 100 millions entre Facebook et le fisc italien, le soutien du CNNum à une taxe européenne sur le numérique, une faille de sécurité exposant nom et email chez Amazon, des allégations que Google recourt à des pratiques déloyales pour compenser ses pratiques anticoncurrentielles, de nouvelles sanctions contre des ICOs aux USA et une analyse des tendances des ICOs chez nous. Enfin, Mounir Mahjoubi a dévoilé les 6 projets IA qui seront expérimentés suite à son appel à manifestation d’intérêt, la loi fake news est votée et fait l’objet d’un recours constitutionnel, le droit à l’image vaut même si le visage est flouté, et le premier numéro de la revue THIRD, “Qui gouverne les algorithmes ?”, est sorti. On se quitte sur cette excellente page de Libé sur le travail de traduction du nom des Pokémon, et surtout sur L’Evénement de la semaine, le Village de la Legaltech. On pourra peut-être s’y croiser les deux jours, notamment au détour de cet atelier sur l’anonymisation des décisions de justice ou celui-ci sur les métadonnées de justice. On rajoute une breaking news de ce matin : on a posé une nouvelle sonde sur Mars, dont certains composants sont Made in France.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

Vous lisez souvent dans ces lignes, clairement posée, ou entre elles, en filigrane, la question du statut des géants du net : que sont-ils pour nous aujourd’hui, comment devons-nous les appréhender ? Le Danemark a été le premier à répondre “comme des États”, et à nommer un ambassadeur au numérique. À l’occasion de la nomination du nouvel (on en avait déjà un aussi) ambassadeur du numérique français, prenons le temps de la réflexion sur ce que cela dit de notre société.

Mais où se trouve l’ambassade ?

La notion d’ambassadeur au numérique n’est pas dénuée de sens, si l’on parle de chiffres simples : plus de 2 milliards d’individus se sont connectés à leur compte Facebook durant les 30 derniers jours, tandis que 8 produits de Google ont plus d’un milliards d’utilisateurs mensuels actifs. En termes de population brute, les géants du net portent donc bien leur nom, et sont bien plus imposants que les pays les plus peuplés au monde. Ils représentent ainsi une masse significative, à laquelle s’ajoute un revenu également très élevé. Bien entendu, la taille n’est pas le facteur déterminant et ne suffit pas à créer un État : certains archipels de Polynésie ont moins de 11 000 habitants (soit moins que Castelnaudary ou Chateau-Gontier) et sont néanmoins des États. Il ne s’agit pas ici de refaire un cours de science politique sur la construction de l’État, mais l’on peut néanmoins noter que l’un des critères complémentaires à celui de la population (qui reste nécessaire) est celui qu’un État nait quand d’autres États le reconnaissent comme tel – n’en déplaisent aux “micronations” telle que la République de Molossia.

Or, s’il est évident que les plateformes du net ne sont pas aujourd’hui des États – on se satisfera du simple fait qu’il n’y a pas de passeport Facebookien, quel signal est envoyé lorsque l’on nomme un ambassadeur au numérique ? Certains pourraient considérer qu’il s’agit là de la première pierre d’un processus qui aboutirait à reconnaitre une véritable autonomie aux GAFAM. Pourtant, est-il si anormal que de nommer une force de négociation avec des puissances privées ? De tous temps, les plus grosse fortunes ou entreprises privées ont eu l’oreille des dirigeants, soit par le biais de sponsoring, soit grâce à leur lobbying. Pour les détracteurs du lobbying – qui, dans le respect de certaines règles, reste un excellent moyen de conseiller le législateur – la nomination d’un ambassadeur peut permettre d’assurer un débat d’idées sur les politiques à mener et sur leur mise en œuvre, et ainsi éviter la situation actuelle du refus de Mark Zuckerberg de se présenter devant les représentants de 7 pays.

Nation numérique et citoyenneté du net

Un État Facebook serait-il seulement possible ? La notion de frontière est également souvent passée au crible dans ces lignes, et est primordiale dans cette réflexion.  Les États contemporains se sont en effet construits autour de notions intangibles, comme celle de nation, mais toujours au sein d’une réalité concrète, celle du territoire clairement délimité par ses frontières. Internet permet la mise en réseau malgré l’existence de frontières, et donc, potentiellement, la réalisation des aspects intangibles de construction de l’État, comme la création d’une nation numérique. Le concept se conçoit, mais il est compliqué à concrétiser : comment unir entre elles des personnes par un lien d’appartenance commune quand leur seul point commun est celui de la création d’un profil Facebook ? Cela nécessiterait à tout le moins que Facebook unisse les gens autour d’une idée commune, et donc, d’une certain manière, que Facebook agisse (aussi) pour l’intérêt général. À l’heure de la défiance généralisée contre les géants du net, pas sûr que cela soit réalisable.

L’idée de nation numérique ne fait cependant qu’émerger. Elle est au cœur du discours de certains pitcheurs de startups, ou conçue de manière générale comme le fait d’être impliqué dans des communautés sur le net de défense de certaines libertés et de certains idéaux – on parle alors plutôt de citoyenneté numérique, de “netizen“. De manière extrêmement intéressante, certains États tentent également de développer leurs propres initiatives en la matière : l’Estonie, comme souvent dans ce type de réflexion, fait figure de pionnière avec son système de “résidence numérique” qui permet la création d’une “nouvelle nation pour les citoyens du monde, propulsée par la République d’Estonie“. À défaut d’adopter la e-residence estonienne, on vous préviendra quand on créera des cartes de membre Aeon.

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, avec suavité !