Cette semaine a été très French tech : le bandeau pour améliorer le sommeil Dreem a levé 35 millions d’euros, tandis que la legaltech Doctrine en a levé 10 et que Station F a fait le bilan de sa première année d’existence. Toujours côté tech, changez le mdp de votre compte Ticketmaster, le concurrent d’Uber Lyft continue de croitre, Tesla a enfin atteint le rythme de production de 5000 voitures par semaine (à quelques heures près allez ça compte), Google ‘simplifie’ ses marques publicitaires (comprendre tout rererererechange de nom), Facebook rouvre la porte aux pubs cryptomonnaies, Apple et Samsung ont enterré la hache de guerre et Amazon se lance dans la santé. Côté judiciaire, l’UFC saisit la CNIL sur la mise en œuvre du RGPD par Facebook et Google, qui présenteraient les options offertes aux personnes concernées de manière biaisée (cf ci-dessous), CNIL qui a été active puisqu’elle a publié sa stratégie de contrôles pour 2018 (qui va vous surprendre) et qui a sanctionné l’Association pour le développement des foyers par une amende de 75 000 € sans LMED préalable. Cette activité n’est pas près de s’arrêter puisque les plaintes explosent. Notons également cet arrêt de la CEDH qui fait primer le droit d’accès aux archives sur le droit à l’oubli, la décision du TMUE qui maintient l’interdiction de déposer la marque “France.com” et cet arrêt du Conseil d’Etat qui clarifie la procédure de recours contre le refus de la CNIL de donner suite à une plainte. A noter côté législatif la publication du projet de loi PACTE (et son article 26 sur les ICOs) et cette nouvelle loi de protection des données personnelles en Californie. On conclut avec un article de notre source à tous, le site service-public.fr, qui nous apprend les règles applicables aux barbecues : faites la Maj devant une grillade, et à la semaine prochaine !
Éditions précédentes
2021
décembre
Celle qui cherche Dieu - Maj du 07/12/21
Celle qui a la gueule de bois - Maj du 30/11/21
novembre
Celle qui joue à saute mouton - Maj du 16/11/21
Celle qui est née dans un train - Maj du 02/11/21
octobre
Celle qui gomme les frontières - Maj du 19/10/21
Celle qui fait des boulettes - Maj du 12/10/21
Celle qui se lit avec la voix de François Morel #2 - Maj du 05/10/21
septembre
Celle qui conte - Maj du 21/09/21
Celle qui a fait ses cartons - Maj du 14/09/21
Celle qui fait ses courses de rentrée - Maj du 07/09/21
juillet
juin
Celle qui force - Maj du 22/06/21
Celle qui répond au LRAR de la semaine dernière - Maj du 15/06/21
Celle que vous allez recevoir par LRAR - Maj du 08/06/21
Celle qui se vaccine - Maj du 01/06/21
mai
Celle qui se mange en terrasse - Maj du 18/05/21
Celle qui télégramme - Maj du 11/05/21
Celle qui pose la dernière question - Maj du 04/05/21
avril
Celle qui fait Bang Bang - Maj du 20/04/21
Celle qui se lit avec la voix de François Morel - Maj du 13/04/21
Celle qui atteste de manière dérogatoire - Maj du 06/04/21
mars
Celle dont vous êtes le héros - Maj du 23/03/21
Celle qui part en fumée - Maj du 16/03/21
Celle qui fait le guignol - Maj du 09/03/21
Celle qui bourgeonne et pétule - Maj du 02/03/2021
février
Celle qui se grattouille - Maj du 16/02/21
Celle qui ose le fenouil - Maj du 09/02/21
Celle qui vaut bien un meme - Maj du 02/02/21
janvier
2020
décembre
Celle qui se ramasse à la brouette - Maj du 08/12/20
Celle qui enfile son tablier de chef-cuisinier - Maj du 01/12/20
novembre
Celle qui ne rate pas son décollage - Maj du 17/11/20
Celle qui est élue - Maj du 10/11/20
Celle qui se reconfine - Maj du 03/11/20
octobre
Celle qui cherche comment se débarrasser de l'hydre - Maj du 20/10/20
Celle qui cherche la transparence - Maj du 13/10/20
Celle qui fait une overdose de cookies - Maj du 06/10/20
septembre
Celle qui retourne vers le futur - Maj du 22/09/20
Celle qui se pose des questions - Maj du 08/09/20
août
juillet
juin
Celle qui ne contient que de l'actu - Maj du 23/06/20
Celle qui administre avec autorité - Maj du 16/06/20
Celle qui est peut-être trop géante - Maj du 09/06/20
Celle qui n'a toujours pas adopté la Hadopi - Maj du 02/06/20
mai
Celle qui veut se concentrer - Maj du 19/05/20
Celle qui cherche la solution - Maj du 12/05/20
Celle qui remonte la pente - Maj du 05/05/20
avril
Celle qui doit se numériser - Maj du 21/04/20
Celle qui ne se lit qu'avec une connexion Internet - Maj du 14/04/20
Celle qui a le droit de savoir - Maj du 07/04/20
mars
Celle qui est citoyenne de chez elle - Maj du 24/03/20
Celle qui se lit de chez soi - Maj du 17/03/20
Celle qui se requalifie - Maj du 10/03/20
Celle qui s'efforce d'être originale - Maj du 03/03/20
février
Celle qui voit le roi nu - Maj du 18/02/20
Celle qui domine le monde - Maj du 11/02/20
Celle qui fait cavalier seul - Maj du 04/02/20
janvier
2019
décembre
Celle qui pense collectif - Maj du 10/12/19
Celle qui détient le biopouvoir - Maj du 03/12/19
novembre
Celle qui ne fera pas de blague sur les cookies - Maj du 19/11/19
Celle qui est bien de son temps - Maj du 12/11/19
Celle qui s'anarchise - Maj du 05/11/19
octobre
Celle qui ne fait pas de politique - Maj du 22/10/19
Celle qui géopolitise l'e-sport – Maj du 15/10/19
Celle qui voit midi à sa porte - Maj du 08/10/19
Celle qui paiera pas - Maj du 01/10/19
septembre
Celle un brin trop utopiste - Maj du 17/09/19
Celle qui replonge dans le bain - Maj du 10/09/19
juillet
Celle qui aperçoit des cyborgs - Maj du 23/07/19
Celle qui copie sans plagier - Maj du 16/07/19
Celle qui ne veut pas juger la haine - Maj du 09/07/19
Celle qui n'est pas commune - Maj du 02/07/19
juin
Celle qui choisit la pilule de vérité - Maj du 18/06/19
Celle dont la recette évolue - Maj du 11/06/19
Celle qui a trop chaud pour écrire - Maj du 04/06/19
mai
Celle qui retient son souffle - Maj du 21/04/19
Celle qui veut rester entière - Maj du 14/05/19
Celle dont ce n’est pas la dernière saison - Maj du 07/05/19
avril
Celle qui se lit rapidement - Maj du 23/04/19
Celle qui tire la sonnette d'alarme - Maj du 16/04/19
Celle qui refuse de déserter - Maj du 09/04/19
Celle qui est averse au risque - Maj du 02/04/19
mars
Celle qui ne se laissera pas terroriser - Maj du 19/03/19
Celle qui vit sa vie (privée) - Maj du 12/03/19
Celle qui ne veut pas aller travailler - Maj du 05/03/19
février
Celle qui est plus grenouille que bœuf - Maj du 19/02/19
Celle qui ne LOL pas du tout - Maj du 12/02/19
Celle qui passe du bon temps - Maj du 05/02/19
janvier
2018
décembre
Celle qui ravaude sa robe noire - Maj du 11/12/18
Celle qui ne veut pas oublier - Maj du 04/12/18
novembre
Celle qui ne casse pas les machines - Maj du 20/11/18
Celle qui ne s'est pas dédoublée - Maj du 13/11/18
Celle qui souffle ses bougies - Maj du 06/11/18
octobre
Celle qui est fracturée - Maj du 23/10/18
Celle qui doit devenir verte - Maj du 16/10/18
Celle qui doit se cyber-muscler - Maj du 09/09/18
Celle qui est virtuelle, mais bien réelle - Maj du 02/10/18
septembre
Celle qui ne veut plus d'hébergeurs - Maj du 18/09/18
Celle qui ne télécharge plus de films - Maj du 11/09/18
Celle qui entre en friction - Maj du 04/09/18
août
juillet
Celle qui va devoir payer - Maj du 24/07/18
Celle qui n'est pas championne qu'en foot - Maj du 17/07/18
Celle qui est insatisfaite - Maj du 10/07/18
Celle qui n'a pas de biais - Maj du 03/07/18
juin
Celle qui ne vous recalera pas - Maj du 19/06/18
Celle qui fait peau neuve - Maj du 12/06/18
Celle qui n'est pas si innovante que ça - Maj du 05/06/18
mai
Celle qui accueille le GDPR - Maj du 22/05/18
Celle qui ne se fait pas passer pour un humain - Maj du 15/05/18
Celle qui ose dire son nom - Maj du 01/05/18
avril
Celle qui a besoin de preuves - Maj du 17/04/18
Celle qui n'est pas autonome - Maj du 10/04/18
Celle qui ne vous trolle pas - Maj du 03/04/18
mars
Celle qui défend ses pépites et taxe les autres - Maj du 20/03/18
Celle qui détient la vérité - Maj du 13/03/18
Celle qui n'est manifestement pas illicite - Maj du 06/03/18
février
Celle du retour de la conscience - Maj du 20/02/18
Celle qui vous emmène dans les étoiles - Maj du 13/02/18
Celle du côté obscur des données persos - Maj du 06/02/18
janvier
2017
décembre
Celle qui s'envole aussi haut que le Bitcoin - Maj du 12/12/17
Celle du lièvre et de la tortue - Maj du 5/12/17
novembre
Celle où l'on parle régulation - Maj du 21/11/17
Celle du Paradis (et de ses papiers) - Maj du 14/11/17
Celle influencée par la Russie - Maj du 07/11/17
octobre
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Celle qui n’a pas de biais – Maj du 03/07/18
L'actu en bref
Joy Buolamwini était chercheuse au MIT lorsqu’elle s’est rendue compte que les systèmes de reconnaissance faciale sur lesquels elle travaillait fonctionnaient moins bien avec elle qu’avec ses collègues. La différence ? Leur couleur de peau, celle de Mme Buolamwini étant noire. La chercheuse a alors mis en exergue des statistiques édifiantes : le taux de réussite aux tests de reconnaissance faciale des algorithmes étudiés étaient 34% plus faibles pour des images de femmes noires que pour des images d’hommes blancs.
L’un des grands enjeux de la décennie
Au-delà des titres racoleurs parlant d’intelligences artificielles “racistes“, il est nécessaire de traiter le problème à ses sources, parmi lesquelles les données ayant servi à l’apprentissage machine sont une première étape. En l’espèce, les bases de données utilisées pour la création de modèles de reconnaissance faciales sont profondément disproportionnées : elles contiennent bien plus de photos d’hommes blancs que de femmes noires, et l’algorithme manque donc d’entrainement pour ces dernières images. Il s’agit ici d’un problème facilement soluble : il suffit de prendre des photos de femmes noires. Plus intéressant, et plus difficile à résoudre : pourquoi y avait-il moins de photos de femmes noires que d’hommes blancs ? Et surtout, toutes les bases de données souffrent-elles de tels biais ?
Il est peu risqué d’affirmer que l’enjeu de la reproduction de nos propres biais par des intelligences artificielles est un des enjeux majeurs des prochaines années, tant il est certain que l’IA va nous servir à effectuer de plus en plus de tâches. Il est donc primordial de trouver des méthodes pour détecter ces biais, à la fois lorsqu’ils sont mis en œuvre par les machines, mais aussi et surtout en amont, lors de l’élaboration des bases de données et des modèles algorithmiques.
Tout est relatif, même les biais
De manière assez intéressante, une nouvelle population se sent désormais victime de biais : l’électorat conservateur aux États-Unis. Le fait que la Silicon Valley est principalement progressiste et de gauche (pour les États-Unis) est un secret de polichinelle. Cette tendance a poussé un nombre croissant d’élus du parti Républicain à remettre en cause les algorithmes de sélection de contenus des plateformes de la Silicon Valley, arguant qu’elles avaient tendance à censurer la parole conservatrice. Le monde de la tech, qui célèbre la diversité et lutte contre les discriminations, serait ainsi lui-même profondément biaisé à l’encontre d’un certain type de discours politique.
Ce que ces tensions politiques mettent en valeur, c’est bien la relativité et l’ubiquité des biais : nous en sommes tous plus ou moins vecteurs, plus ou moins consciemment, et ceux-ci se retrouvent dans les données que nous produisons. Il est désormais notoire que les juges sont plus cléments après le déjeuner : ce biais très impactant pourrait avoir des répercussions si l’on fait de la donnée sur les décisions de justice, et donc être reproduit par un éventuel algorithme d’aide à la décision. Se posent donc de très nombreuses questions : comment lutter contre ces biais en amont, afin de les éviter ? Comment corriger les données produites ? Et faut-il seulement le faire ? Le biais est-il inhérent à l’humain ? La notion de biais est-elle universelle ? Peut-on même lutter contre les biais ? On vous pose les questions, mais n’oserons donner de réponses, de peur d’être biaisés.
Ce qu'on lit cette semaine
La Silicon Valley continue de placer des pions sur l’échiquier politique. Alors qu’il est reconnu que les géants du numérique ont un cœur libéral, de nombreux CEOs des firmes californiennes s’étant déjà publiquement exprimés à l’encontre de la politique de Trump (et rappelons-nous ce qui était arrivé à Palmer Lucky lorsqu’il avait été découvert qu’il soutenait le futur président), ces derniers commencent à prendre conscience que les électeurs du parti républicain sont également des utilisateurs de leurs plateformes et qu’ils ne sont pas contents. Sentant le risque que la campagne de réélection de Trump de 2020 puise dans le sentiment de persécution de la droite américaine, notamment au regard du fait d’un traitement partial allégué de ses contenus, les dirigeants de Facebook et de Twitter ont commencé à rencontrer les têtes pensantes du GOP pour contenir les contestations potentielles. Difficile jeu d’équilibriste auquel jouent les géants du net, mais attendu, car la politique, c’est aussi du business.
Blockchain Can Legally Authenticate Evidence, Chinese Judge Rules
Une décision historique pour les applications de la blockchain en matière juridique qui nous vient tout droit d’une juridiction chinoise. A l’occasion d’un litige de contrefaçon sur internet, un titulaire de droit avait versé au débat des captures d’écran et le code source d’un site litigieux afin de rapporter la preuve de la matérialité de la contrefaçon qu’il alléguait. Classique, effectivement, sauf que ces éléments avaient été horodatés et enregistrés par un prestataire de services tiers sur des blockchains publiques. Le tribunal de la ville de Hangzhou a ainsi non seulement statué en faveur de l’admissibilité de ces pièces mais a également décidé qu’elles constituaient une preuve suffisante de l’atteinte aux droits du titulaire. De quoi faire peur aux huissiers car s’ils ont le monopole des actes authentiques en matière de constat, il apparaît intellectuellement difficile de ne pas accorder la même force probante aux éléments « constatés » sur blockchain et dont on peut être quasi certain de l’intégrité des informations enregistrées.
The Legend of Nintendo
Une entrevue dans les arcanes mystérieuses du cube blanc de Kyoto entouré d’un mur impénétrable que tous les gamers rêvent un jour de visiter : les locaux de Nintendo. Retour sur les origines de la firme japonaise, sur ses échecs, ses succès. L’on y découvre qu’on y cultive un rapport intime à la simplicité et l’émerveillement de l’enfance, à l’artisanat, à la ville aux mille temples ou encore à la relation entre l’apprenti et le maître. Sorte de cristal des paradoxes de la société japonaise, l’on comprend que la recette de Nintendo est de tisser la tradition avec l’innovation, et que c’est peut-être pour cela que 130 ans après, elle arrive encore à conquérir des nouveaux cœurs tout en ravivant la flamme des anciens.
Un aperçu de la tentative silencieuse d’Elon Musk de disrupter jusqu’au cerveau de ses enfants. C’est ainsi que dans les locaux de la société Space X réside un laboratoire éducatif où l’on fait éclater tous les cadres traditionnels de l’enseignement. Nommée Ad Astra, cette école confidentielle réservée aux enfants de Musk et aux happy fews d’entrepreneurs de la tech est le contrepied de toutes les frustrations que le fondateur de Tesla (et tant d’autres) pouvait avoir avec l’école : pas de notes, programmes définis en collaboration avec les élèves, développement de projet, apprentissage du pitch, ingénierie en tout genre, utilisation de lance flamme. On y boude cependant les langues car le postulat est que dans quelques années les technologies de traduction en temps réel seront monnaie courante. Alors, prêt à confier vos enfants à Elon ?
Google demos Duplex, its AI that sounds exactly like a very weird, nice human
Deuxième salve pour Google après une première présentation de son programme Duplex, l’intelligence artificielle qui prend vos réservations au restaurant à votre place (et qui pour l’heure ne sait pas encore faire grand chose d’autre) : l’occasion de montrer que les critiques ont été prises en compte (le porteur du projet déclare qu’elles avaient même anticipées dès avant la première démonstration), concernant notamment l’absence de transparence sur la nature non-humaine de l’appelant. Google Duplex devrait donc se présenter comme tel au début de l’échange, et aussi indiquer (GDPR oblige notamment) que les propos de son interlocuteur seront enregistrés et traités pour les besoins de la conversation. Sous cette version, il est vrai que la technologie semble moins menaçante (une espèce de Google Home qui irait plus loin que les occupants de la maison, en somme) ; peut-être cependant est-ce seulement que nous n’en voyons pour l’heure que les usages les plus limités. Pour voir ce que ça donne c’est ici.
Une analyse en béton pour un texte aussi sulfureux que difficile à appréhender : voici l’occasion de faire un point complet et rigoureux sur les véritables implications du Cloud Act (“Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act”) pour les entreprises et citoyens américains comme européens. Loin d’être l’hydre ennemie ultime du GDPR que d’aucuns ont voulu présenter, cet article nous présente le Cloud Act comme un texte complexe, dont les impacts réels seront fonction de son articulation avec le contenu d’autres textes nationaux, européens et internationaux, en particulier les traités bilatéraux qui devront être conclus entre le gouvernement US et ses homologues étrangers pour autoriser les demandes directes de communication de données aux entreprises d’un pays à l’autre (sans passer par les juges locaux). Prévoyez certes quelques lectures pour venir à bout des subtilités de cette réglementation à tiroirs ; la leçon générale est néanmoins la suivante : c’est à l’Union Européenne, et pour ce qui nous concerne à la France, de jouer son coup afin de poser ses conditions (que l’on espère protectrices) à l’application des mesures que permet le Cloud Act. Le GDPR en lui-même n’est en effet ni pour, ni contre, bien au contraire : tout ou presque nous renvoie à la négociation entre Etats concernés – autrement dit, ici comme ailleurs, à la géopolitique…
Newspaper Shooting Shows Widening Use of Facial Recognition by Authorities
Sans que l’on s’en rende vraiment bien compte, ce qui semblait hier un vaste fantasme tout juste bon pour un mauvais épisode des Experts à Miami est aujourd’hui devenu le lot commun des pouvoirs d’enquête à travers le monde – enfin, aux Etats-Unis, du moins, et aussi en Chine. La reconnaissance faciale est désormais un outil de base pour l’identification de suspects dans des enquêtes (comme récemment pour l’attaque des bureaux d’un organe de presse à Annapolis), qui (une fois n’est pas coutume dans nos colonnes) porte avec lui de nombreuses questions éthiques : quid des risques de faux positifs, qui ne dépendent pas que de la technologie elle-même, mais également de la qualité variable des photos et des bases de données ? Quid aussi, surtout, du périmètre admissible pour ces bases de données ? Bien évidemment en effet, la technologie ne révèle son potentiel d’investigation véritable qu’en la confrontant à des bases les plus grandes possibles, mais est-il aussi “socialement acceptable” de rechercher un criminel parmi des mug shots d’anciens criminels, que parmi le répertoire national des permis de conduire ? Pour ceux à qui cela ferait peur, on rappellera que dans l’Union Européenne, du moins, une décision de mise en examen, par exemple, fondée sur un simple “match” issu d’un logiciel de reconnaissance faciale pourrait constituer une “décision individuelle automatisée” en principe interdite au titre de la directive 2016/680 – de l’intérêt d’avoir un législateur soucieux des libertés publiques…
Entre levée de fonds record et levée de bouclier de la profession, quel avenir pour Doctrine ?
Alors que le moteur de recherche juridique Doctrine.fr annonce la plus grosse levée de fonds d’une legaltech en Europe (10 millions !), plusieurs médias dévoilent le premier scandale de la jeune pousse. La startup, qui revendique un fonds de décisions de justice plus de deux fois supérieur à celui de ses concurrents, aurait obtenu certaines de ces décisions en ayant recours à la méthode du typosquatting : des noms de domaine semblables à ceux de grands cabinets ou d’universités (ou même de l’EFB) auraient ainsi été créés pour envoyer des emails aux greffes afin que les demandes de décisions paraissent émaner de ces professionnels du droit. Des actions qui pourraient constituer des infractions pénales. Une affaire intéressante à suivre, en ce qu’elle permet de mettre en exergue deux débats essentiels pour le futur de la justice : quelle éthique et quelles obligations pour les legaltechs, mais aussi, à quand le vrai open data des décisions de justice, pour ne plus avoir besoin de tels subterfuges ?