Après un dur été pour Google, la semaine n’a pas été meilleure : par un de ces tweets dont il a le secret, Donald Trump a remis en cause la fiabilité du moteur de recherche, arguant que les résultats seraient biaisés contre les points de vue conservateurs. Le tweet aurait potentiellement déclenché des enquêtes plus poussées de la part des services de la Maison Blanche. En attendant, il est révélé que le géant du net aurait conclu un deal secret avec Mastercard pour traquer les achats en magasin. Toujours dans la partie GAFAM des news, Facebook se lance dans la vidéo, Amazon a besoin de ses salariés pour redorer son image et YouTube vous permet de savoir combien de temps vous passez sur la plateforme. Notons également les préparatifs européens pour tenter de lutter contre des tentatives de manipulation des prochaines élections, une belle enquête sur la réalité de l’existence du Petro, la fameuse cryptomonnaie vénézuélienne, et le lancement d’une consultation de la CNIL sur la biométrie au travail, et ce pendant qu’une cartographie des contrôles CNIL est possible grâce à l’open data. Côté jurisprudence, une décision britannique vaut le détour puisqu’il s’agit de l’exact opposé d’une décision française sur le sujet de l’imputation des frais de blocage de sites contrefaisants, dont on vous parlait il y a peu. Enfin, on ne pouvait pas se quitter sans vous parler de cette startup japonaise dont le but est de quitter votre job à votre place, et de cette Bugatti fonctionnelle et de taille réelle construite intégralement en Lego. Est-ce bien la rentrée ? Faites la Maj, et à la semaine prochaine !
Éditions précédentes
2021
décembre
Celle qui cherche Dieu - Maj du 07/12/21
Celle qui a la gueule de bois - Maj du 30/11/21
novembre
Celle qui joue à saute mouton - Maj du 16/11/21
Celle qui est née dans un train - Maj du 02/11/21
octobre
Celle qui gomme les frontières - Maj du 19/10/21
Celle qui fait des boulettes - Maj du 12/10/21
Celle qui se lit avec la voix de François Morel #2 - Maj du 05/10/21
septembre
Celle qui conte - Maj du 21/09/21
Celle qui a fait ses cartons - Maj du 14/09/21
Celle qui fait ses courses de rentrée - Maj du 07/09/21
juillet
juin
Celle qui force - Maj du 22/06/21
Celle qui répond au LRAR de la semaine dernière - Maj du 15/06/21
Celle que vous allez recevoir par LRAR - Maj du 08/06/21
Celle qui se vaccine - Maj du 01/06/21
mai
Celle qui se mange en terrasse - Maj du 18/05/21
Celle qui télégramme - Maj du 11/05/21
Celle qui pose la dernière question - Maj du 04/05/21
avril
Celle qui fait Bang Bang - Maj du 20/04/21
Celle qui se lit avec la voix de François Morel - Maj du 13/04/21
Celle qui atteste de manière dérogatoire - Maj du 06/04/21
mars
Celle dont vous êtes le héros - Maj du 23/03/21
Celle qui part en fumée - Maj du 16/03/21
Celle qui fait le guignol - Maj du 09/03/21
Celle qui bourgeonne et pétule - Maj du 02/03/2021
février
Celle qui se grattouille - Maj du 16/02/21
Celle qui ose le fenouil - Maj du 09/02/21
Celle qui vaut bien un meme - Maj du 02/02/21
janvier
2020
décembre
Celle qui se ramasse à la brouette - Maj du 08/12/20
Celle qui enfile son tablier de chef-cuisinier - Maj du 01/12/20
novembre
Celle qui ne rate pas son décollage - Maj du 17/11/20
Celle qui est élue - Maj du 10/11/20
Celle qui se reconfine - Maj du 03/11/20
octobre
Celle qui cherche comment se débarrasser de l'hydre - Maj du 20/10/20
Celle qui cherche la transparence - Maj du 13/10/20
Celle qui fait une overdose de cookies - Maj du 06/10/20
septembre
Celle qui retourne vers le futur - Maj du 22/09/20
Celle qui se pose des questions - Maj du 08/09/20
août
juillet
juin
Celle qui ne contient que de l'actu - Maj du 23/06/20
Celle qui administre avec autorité - Maj du 16/06/20
Celle qui est peut-être trop géante - Maj du 09/06/20
Celle qui n'a toujours pas adopté la Hadopi - Maj du 02/06/20
mai
Celle qui veut se concentrer - Maj du 19/05/20
Celle qui cherche la solution - Maj du 12/05/20
Celle qui remonte la pente - Maj du 05/05/20
avril
Celle qui doit se numériser - Maj du 21/04/20
Celle qui ne se lit qu'avec une connexion Internet - Maj du 14/04/20
Celle qui a le droit de savoir - Maj du 07/04/20
mars
Celle qui est citoyenne de chez elle - Maj du 24/03/20
Celle qui se lit de chez soi - Maj du 17/03/20
Celle qui se requalifie - Maj du 10/03/20
Celle qui s'efforce d'être originale - Maj du 03/03/20
février
Celle qui voit le roi nu - Maj du 18/02/20
Celle qui domine le monde - Maj du 11/02/20
Celle qui fait cavalier seul - Maj du 04/02/20
janvier
2019
décembre
Celle qui pense collectif - Maj du 10/12/19
Celle qui détient le biopouvoir - Maj du 03/12/19
novembre
Celle qui ne fera pas de blague sur les cookies - Maj du 19/11/19
Celle qui est bien de son temps - Maj du 12/11/19
Celle qui s'anarchise - Maj du 05/11/19
octobre
Celle qui ne fait pas de politique - Maj du 22/10/19
Celle qui géopolitise l'e-sport – Maj du 15/10/19
Celle qui voit midi à sa porte - Maj du 08/10/19
Celle qui paiera pas - Maj du 01/10/19
septembre
Celle un brin trop utopiste - Maj du 17/09/19
Celle qui replonge dans le bain - Maj du 10/09/19
juillet
Celle qui aperçoit des cyborgs - Maj du 23/07/19
Celle qui copie sans plagier - Maj du 16/07/19
Celle qui ne veut pas juger la haine - Maj du 09/07/19
Celle qui n'est pas commune - Maj du 02/07/19
juin
Celle qui choisit la pilule de vérité - Maj du 18/06/19
Celle dont la recette évolue - Maj du 11/06/19
Celle qui a trop chaud pour écrire - Maj du 04/06/19
mai
Celle qui retient son souffle - Maj du 21/04/19
Celle qui veut rester entière - Maj du 14/05/19
Celle dont ce n’est pas la dernière saison - Maj du 07/05/19
avril
Celle qui se lit rapidement - Maj du 23/04/19
Celle qui tire la sonnette d'alarme - Maj du 16/04/19
Celle qui refuse de déserter - Maj du 09/04/19
Celle qui est averse au risque - Maj du 02/04/19
mars
Celle qui ne se laissera pas terroriser - Maj du 19/03/19
Celle qui vit sa vie (privée) - Maj du 12/03/19
Celle qui ne veut pas aller travailler - Maj du 05/03/19
février
Celle qui est plus grenouille que bœuf - Maj du 19/02/19
Celle qui ne LOL pas du tout - Maj du 12/02/19
Celle qui passe du bon temps - Maj du 05/02/19
janvier
2018
décembre
Celle qui ravaude sa robe noire - Maj du 11/12/18
Celle qui ne veut pas oublier - Maj du 04/12/18
novembre
Celle qui ne casse pas les machines - Maj du 20/11/18
Celle qui ne s'est pas dédoublée - Maj du 13/11/18
Celle qui souffle ses bougies - Maj du 06/11/18
octobre
Celle qui est fracturée - Maj du 23/10/18
Celle qui doit devenir verte - Maj du 16/10/18
Celle qui doit se cyber-muscler - Maj du 09/09/18
Celle qui est virtuelle, mais bien réelle - Maj du 02/10/18
septembre
Celle qui ne veut plus d'hébergeurs - Maj du 18/09/18
Celle qui ne télécharge plus de films - Maj du 11/09/18
Celle qui entre en friction - Maj du 04/09/18
août
juillet
Celle qui va devoir payer - Maj du 24/07/18
Celle qui n'est pas championne qu'en foot - Maj du 17/07/18
Celle qui est insatisfaite - Maj du 10/07/18
Celle qui n'a pas de biais - Maj du 03/07/18
juin
Celle qui ne vous recalera pas - Maj du 19/06/18
Celle qui fait peau neuve - Maj du 12/06/18
Celle qui n'est pas si innovante que ça - Maj du 05/06/18
mai
Celle qui accueille le GDPR - Maj du 22/05/18
Celle qui ne se fait pas passer pour un humain - Maj du 15/05/18
Celle qui ose dire son nom - Maj du 01/05/18
avril
Celle qui a besoin de preuves - Maj du 17/04/18
Celle qui n'est pas autonome - Maj du 10/04/18
Celle qui ne vous trolle pas - Maj du 03/04/18
mars
Celle qui défend ses pépites et taxe les autres - Maj du 20/03/18
Celle qui détient la vérité - Maj du 13/03/18
Celle qui n'est manifestement pas illicite - Maj du 06/03/18
février
Celle du retour de la conscience - Maj du 20/02/18
Celle qui vous emmène dans les étoiles - Maj du 13/02/18
Celle du côté obscur des données persos - Maj du 06/02/18
janvier
2017
décembre
Celle qui s'envole aussi haut que le Bitcoin - Maj du 12/12/17
Celle du lièvre et de la tortue - Maj du 5/12/17
novembre
Celle où l'on parle régulation - Maj du 21/11/17
Celle du Paradis (et de ses papiers) - Maj du 14/11/17
Celle influencée par la Russie - Maj du 07/11/17
octobre
La Maj d'
La newsletter d'actu techno-juridique : tous les mardis matin à 9h, faites la mise à jour !
En cliquant sur “S’abonner”, vous consentez à recevoir la newsletter d’Aeon (la “Maj”) chaque mardi matin à l’adresse email que vous avez indiquée. Les données saisies dans les champs ci-dessus nous sont nécessaires pour vous adresser la Maj par l’intermédiaire de notre prestataire MailChimp, et ne sont utilisées qu’à cette fin.
Vous consentez également à ce que MailChimp collecte, par l’intermédiaire d’un traceur placé dans l’email contenant la newsletter, des informations relatives à l’ouverture de cet email et à votre lecture de la Maj. Ces informations ne sont utilisées par Aeon qu’aux fins d’améliorer la Maj et son contenu, et ne sont partagées avec aucun tiers hormis le prestataire MailChimp.
Si vous souhaitez lire la Maj sans que ces informations soient collectées, notez que vous pouvez la retrouver à tout moment à cette adresse aeonlaw.eu/maj. Vous pouvez également vous abonner au flux RSS de cette page pour être averti de chaque nouvelle Maj dès sa parution, en cliquant ici !
Pour plus d’informations, consultez la Politique de Confidentialité d’Aeon en cliquant ici.
Celle qui entre en friction – Maj du 04/09/18
L'actu en bref
Le RGPD est toujours le centre de l’attention, malgré le temps qui passe et qui nous éloigne doucement mais sûrement du 25 mai 2018. Il y a de quoi, puisque les 99 articles du texte doivent maintenant être décortiqués à l’aune de la pratique et des décisions à venir. Cette mise en pratique en éclipserait presque l’un des aspects les plus révolutionnaires du texte, son champ d’application territorial. Il s’agit en effet d’un texte à portée internationale by design, et par conséquent d’un texte susceptible d’entrer en conflit avec d’autres normes. Ainsi en est-il par exemple des règles autour de la base WHOIS.
Le RGPD vs le fonctionnement d’Internet
Cette base comporte l’ensemble des coordonnées des titulaires de noms de domaine. Jusque récemment, cette base était entièrement publique, et la publication des données personnelles des déposants faisait même partie des contrats d’enregistrement d’un nom de domaine. Des services se sont même développés pour limiter cette pratique, en permettant aux internautes cherchant à déposer un nom de domaine de masquer leurs coordonnées : c’était alors des sociétés prête-nom qui déposaient le nom de domaine pour le compte du véritable titulaire, en conservant elles-mêmes les précieuses informations.
Bien que potentiellement attentatoire à la vie privée, la base WHOIS avait évidemment son utilité : comme un registre de marques ou de brevets, elle assurait la publicité de l’embryon de titre que constitue le nom de domaine. On comprend déjà bien l’utilité de la base marques de l’INPI lorsqu’il s’agit de contacter le titulaire d’un droit, on comprend encore mieux l’utilité de la base WHOIS pour un actif immatériel dont l’obtention se fait selon la règle du “premier arrivé, premier servi” à l’échelle de la planète. Le WHOIS permettait ainsi de contacter un titulaire de nom de domaine n’importe où sur Terre, afin par exemple de proposer un rachat ou envoyer une lettre de mise en demeure pour atteinte à une marque antérieure. L’entrée en vigueur du RGPD a conduit l’ICANN, l’organisme gestionnaire du système de nom de domaines, à cacher par défaut les entrées WHOIS, dans l’attente de trouver mieux (ou de l’obtenir auprès de la CJUE).
La donnée personnelle vs la donnée publique
En filigrane derrière ce cas se cache un dilemme assez profond lié à l’extension du domaine de la donnée : au fur et à mesure que l’on élargit le périmètre de la protection des données personnelles, les champs de friction avec d’autres droits vont également augmenter. Ce phénomène est notamment observable en ce qui concerne la nature même des données à caractère personnel. La définition, toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable, permet en effet d’englober les données purement identifiantes (nom, prénom, etc), les données que l’on produit soi-même (SMS, etc), les métadonnées (heure d’envoi du SMS), mais aussi les données que l’on coproduit avec un service (historique de recherche) ou les données que l’on produit sur soi (statistiques d’utilisation d’un service). Ce caractère protéiforme, presque indéfinissable, de la donnée personnelle est notamment l’un des arguments de la CNIL pour s’opposer à la proposition de droit de propriété sur la donnée : comment posséder quelque chose que l’on n’arrive même pas à définir ?
Cette définition extrêmement large fait que par exemple, la protection des données va entrer en friction avec le droit à l’image. Un cas particulièrement intéressant d’une telle friction est celui des données rendues publiques. Le droit des données personnelles se place dans la lignée de la protection de la vie privée, que l’on oppose à la vie publique : une information privée rendue publique perd cette protection. Pour autant, une donnée personnelle rendue publique est toujours protégée : en témoigne la récente affaire Disinfo lab dont nous vous parlions la semaine dernière. Ici, c’est bien le droit de traiter des informations manifestement publiques qui est en cause : quoi de moins privé qu’un tweet ?
Au-delà des frictions avec d’autres droits de la personnalité, la protection des données personnelles se trouve donc souvent en opposition avec la liberté d’expression, le droit à l’information et le droit d’accéder à des données publiques (on pense notamment à l’open data des décisions de justice). Quitte pour les autorités de contrôle européennes à continuer la grande œuvre d’exégèse (bienvenue) qu’elles ont entreprise, il serait donc grand temps de commencer à décortiquer les articles 85, 86 et 89 du RGPD, afin d’y voir un peu plus clair sur ces frictions.
Ce qu'on lit cette semaine
Alors que l’été 2018 a battu des records en matière de chaleur, les créateurs de normes de notre système juridique ne se sont pas pour autant laissés accabler. Un petit résumé de ce qui s’est passé en marge des cocotiers. Côté législatif, on notera bien évidemment la promulgation de la loi relative à la protection des données personnelles ainsi que de son décret d’application, mais également celle relative à la programmation militaire ou encore celle renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Côté réglementaire, on relèvera surtout l’identification des zones que les opérateurs de téléphonie mobiles devront couvrir sur l’année 2018 pour augmenter la couverture réseau dans les zones reculées de notre beau pays. Enfin, du côté des juridictions, c’est surtout la petite salve de questions préjudicielles lancée par le Conseil d’Etat sur le traitement et la conservation des métadonnées aux fins de sécurité nationale qui retiendra notre attention. De quoi s’occuper alors que l’on termine de retirer le sable de ses chaussures.
La démission de Nicolas Hulot souligne notre incapacité à penser le futur
C’est la marque que l’été ne sera pas malheureusement pas indien. Il y a quelques jours seulement, Nicolas Hulot, alors Ministre de l’Ecologie, a annoncé sa démission du gouvernement à l’antenne de France Inter dans la surprise générale, y compris de ses homologues. Il s’agit de l’échec d’un homme qui n’a pas réussi à trouver le moyen de mettre en oeuvre les mesures qu’il souhaitait initier, mais également selon certains, de l’Homme car les problèmes contre lesquels l’ancien Ministre aurait butté seraient systémiques. Esquisse des rouages qui font que nous sommes capables de voir loin mais limités à des actions de proximité.
Suite mais sûrement pas fin des démêlés au long cours entre le GDPR et le service Whois, bien connu des juristes et avocats (mais aussi des forces de l’ordre), qui permet d’identifier l’éditeur et l’hébergeur d’un site Internet donné. Au coeur de cette affaire : la publication systématique des données d’identification des personnes physiques responsables du site, sans leur consentement, jugée contraire au cadre européen (le nouveau comme d’ailleurs le précédent, fixé par la directive 95/46/CE) par les autorités de contrôle. Après une mise en conformité hâtive qui a vu le service caviarder l’ensemble de ces données, voici que la réflexion se reforme du côté des défenseurs d’un libre accès à l’information, et culmine, côté USA, en une proposition de loi imposant aux bureaux d’enregistrement de noms de domaine de fournir à l’ICANN les données en question. Entre vie privée, droit à l’information et effectivité des procédures judiciaires (le Whois étant un outil souvent indispensable pour identifier l’auteur d’une faute civile ou d’une infraction), les enjeux sont de taille. Du point de vue géopolitique, c’est aussi et surtout aux limites de l’extraterritorialité que l’on touche : que peut faire un bureau d’enregistrement, s’il doit nécessairement s’exposer d’un côté ou de l’autre à des sanctions ? That is the question.
How should we regulate facial recognition?
Parmi les enjeux brûlants de cette année qui redémarre, la reconnaissance faciale, avec ses multiples usages en développement fulgurant dans de multiples secteurs privés comme publics, est probablement l’un de ceux qu’il faudra surveiller d’au plus près. Tour d’horizon ici avec The Verge des enjeux et de l’état actuel des techniques, en ce compris les nombreuses difficultés non réglées, pour répondre globalement à ces quelques questions fondamentales : sommes-nous prêts à accueillir la reconnaissance faciale dans tant d’aspects de nos vies ? le voulons-nous vraiment ? et surtout, devrions-nous vraiment le vouloir ? Car par-delà la régulation, et en réalité toujours derrière elle, il y a cette question de l’acceptabilité sociétale, éthique, d’une technologie et de chacune de ces utilisations. De ce point de vue, il est évident que la reconnaissance faciale ne présente ni les mêmes enjeux ni les mêmes risques selon qu’elle est employée à des fins de vérification bancaire ou à des fins de surveillance policière, qu’un consentement éclairé y préside ou non, etc. Tout de même, dans l’ensemble, reste cette idée qu’il convient d’avancer avec prudence, tant on voit bien, face à des technologies si riches d’applications, que l’acceptation passive d’un usage facilite et prépare en pratique celle du suivant.
Artificial Intelligence Is Now a Pentagon Priority. Will Silicon Valley Help?
Les hautes sphères de la défense américaine commencent à s’agiter un peu sur l’IA. Le Secrétaire de la Défense, Jim Mattis, dans une note interne, aurait ainsi fait des grands signes de bras à Trump pour qu’il planche sur la définition d’une stratégie nationale en matière d’IA, pour la sécurité du territoire mais aussi pour “devenir leader dans l’orientation de la transformation de la condition humaine”. A côté de l’inertie gouvernementale, le Pentagon a quant à lui décidé de prendre les choses en main en créant le Centre Conjoint de l’Intelligence Artificielle pour faciliter la collaboration entre le civil et le militaire. Le grand défi de l’armée américaine sera donc de réussir à faire accepter le projet aux ingénieurs libéraux de la Silicon Valley, lesquels, rappelons le, ont déjà haussé le ton au sein de leurs entreprises dès que l’on s’approchait d’une militarisation des résultats de leurs travaux. Peut-être que nous assistons là à la naissance du complexe militaro-techno-industriel.
Une fois n’est pas coutume, prenons un peu de hauteur de vue – cette fois avec Yuval Noah Harari, fameux auteur de Sapiens et de Deus, deux “brèves histoires” édifiantes qui nous parlent de nous-mêmes. Ici comme dans la seconde il est affaire de prospective, c’est-à-dire de notre avenir, mais aussi, surtout, de notre présent et de ce que nous pouvons choisir d’être et de faire. Face à ce constat que le développement technologique tend nécessairement au renforcement et à l’émergence de nouvelles précarités économiques, intellectuelles et en définitive existentielles, pour une part toujours plus grande de la population voire à terme pour quasiment l’humanité toute entière, le risque n’est pas tant le gouvernement des machines elles-mêmes que celui de ceux, les very happy few, qui auront tiré leur épingle du jeu. Les technologies de demain, selon Harari, sont en effet par nature souvent favorables à la concentration du pouvoir, car elles sont favorables à la concentration de l’information (et ce d’autant plus que cette concentration en réalité bénéficie dans un premier temps aux utilisateurs) ; c’est ainsi in fine une vraie démocratie de l’information que l’auteur nous invite à penser, et à essayer de faire. Non sans avouer, hélas, que tout cela est bien plus facile à dire qu’à faire.
The bare-knuckles tactics Uber used to get its way with regulators are not going to work for scooter startups
Que vous les adoriez, les trouviez trop chères, les haïssiez ou les gariez n’importe comment, vous avez forcément votre avis sur ces nouvelles trottinettes venues des USA et qui sont apparues sur le macadam parisien cet été. Les municipalités, elles aussi ont leurs opinions : la régulation. La stratégie d’implantation des deux exploitants de ces engins, Bird et Lime, rappelle celle des services de VTC qui avaient réussi à gagner leur bras de fer avec les autorités par un fin jeu d’implantation éclair, de fidélisation des utilisateurs et de lobbying. Seulement cette fois, les villes ont appris et ne comptent pas se laisser faire comme à Santa Monica et à San Francisco où tout ce petit monde a été mis en demeure de cesser ses services alors qu’a été ouverte une procédure d’obtention d’autorisation d’exploitation pour sélectionner les happy fews qui rafleront le marché local. Et bilan des course, Lime et Bird ont perdu à SF mais gagné à Santa Monica, aux côté de Lyft et JUMP...
A noter que Paris a décidé d’adopter une approche plus soft, en optant pour l’adoption d’une charte de bonne conduite en concertation avec les principaux intéressants.
Waymo’s Big Ambitions Slowed by Tech Trouble
Où en sommes-nous vraiment du véhicule autonome ? Dans la course au développement qui s’est formée autour de ce projet, les concurrents ne manquent pas, du moins outre-atlantique, et de récentes déclarations très optimistes ont pu laisser entendre que l’on progressait vite (du moins outre-atlantique toujours), pourquoi pas même vers un déploiement à grande échelle à pas si long terme que ça. Trop optimistes ? Selon les habitants des quartiers tests, nous serions en réalité encore loin du compte : les véhicules autonomes ont encore bien des soucis avec l’environnement urbain le plus basique, tel qu’une intersection en T, et y répondent généralement par un arrêt complet très déroutant pour ceux, bien humains, qui les entourent. Il y a sans doute là quelque chose qui prête à sourire – après tout, rien ne presse ; bien moins amusante est en réalité l’histoire de ce piéton mortellement fauché par un véhicule de test du programme de taxis autonomes d’Uber. Humains comme robots : sur la route, restons prudents.