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Celle qui ne veut pas oublier – Maj du 04/12/18

L'actu en bref

Cette semaine, c’est la chaine d’hôtellerie de luxe Marriott qui fait la une, avec une faille de sécurité ayant entrainé la captation des données de 500 millions de clients – si la nouvelle n’était pas si impressionnante, on se réjouirait que les GAFAM ne soient pour une fois pas le premier sujet de discussion. Enfin, c’est sans compter les autres news de la semaine : Google a reçu un nouveau questionnaire relatif à des pratiques anticoncurrentielles et une nouvelle plainte RGPD d’associations de consommateurs, sur Search cette fois, tandis que la grogne se diffuse en interne sur le projet de moteur censuré en Chine et que Sundar Pichai se prépare à passer le Grand O devant le parlement américain ; du côté de chez Facebook, du bon avec une campagne de désinformation déjouée en France, mais du moins bon en ce qui concerne l’audition par une coalition internationale de parlementaires ; notons également le contrat de Microsoft avec l’armée étasunienne pour l’équiper en casques de réalité augmentée et les amendes (1 million d’euros au total) contre Uber par les CNIL anglaise et hollandaise, tandis que le projet de taxe GAFAM patine. Du côté de chez nous, la CNIL a clôturé deux de ses récentes mises en demeure, une circulaire a été rédigée pour favoriser le recours au cloud par l’administration, un décret soumet à autorisation préalable certains investissements étrangers dans des sociétés françaises en IA ou cloud, une loi contre la haine sur Internet devrait voir le jour en 2019, et la stratégie nationale de recherche en IA a été dévoilée. On se quitte sur ce rapport sur le numérique à l’Assemblée nationale, un nouveau service de tchat pour signaler des violences sexuelles et/ou sexistes, et une conférence sur le droit de la concurrence pour tous par nos amis de l’Union des Savoirs.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

Le processus de construction d’une nation, que nous évoquions la semaine dernière, est graduel et complexe, et il serait malvenu de tenter de le résumer en quelques lignes. On peut en revanche s’accorder sur la place importante que joue la mémoire collective dans ce processus : la nation se construit autour de valeurs communes, mais aussi d’une culture, d’une histoire, de pratiques, de rites, bref, autour d’une mémoire commune. Il se trouve qu’Internet dispose d’une telle mémoire : elle s’appelle Internet Archive.

La relativité du temps

La théorie de la relativité générale est l’une des principales découvertes d’Albert Einstein. Appliquée à la notion de temps, elle dispose grosso modo que la vitesse à laquelle le temps s’écoule dépend de la vitesse de déplacement et de la force de la gravité – c’est pourquoi, dans Interstellar, le temps passe moins vite pour Matthew McConaughey dans son vaisseau que pour sa fille sur Terre (attention spoiler). Il s’avère que le temps est tout aussi relatif sur Internet : alors que l’on a l’impression qu’une fois qu’une information est mise sur Internet, elle ne le quitte jamais, une page donnée ne reste en ligne qu’une centaine de jours ou est complètement modifiée durant ce laps de temps, cela n’important pas puisqu’un lien donné cesse d’être cliqué en moyenne trois heures après son apparition. Malgré son apparente immuabilité, Internet est donc en fait très éphémère.

Face à cet espace en perpétuel mouvement, il serait malvenu que notre mémoire collective ne s’organise pas et ne préserve pas, au fur et à mesure, la masse informationnelle que nous produisons. C’est un peu ce que fait archive.org, une ONG américaine dédiée à l’archivage du web. Sa tâche est immense et ardue : la montagne d’informations mises en ligne chaque jour doit être triée, afin de n’en capturer que l’essentiel, et puisque le web change en permanence, un même site doit être revisité assez fréquemment pour pouvoir donner une représentation fidèle de son évolution.

La numérisation du temps

Si la mémoire est essentielle à la construction d’une nation, elle est également capable de nuire au bon fonctionnement de la société. Il est ainsi primordial de se souvenir et de transmettre l’Histoire, afin de construire sur les acquis communs, tout en permettant à chaque personne de bénéficier du droit à l’oubli, de voir disparaitre certaines informations relatives à sa propre personne : c’est ce qui garantit la possibilité d’évoluer, de changer, de s’améliorer. À l’époque du papier, une certaine obscurité pratique entrainait assez rapidement cette omission collective : tout le monde n’avait pas la possibilité instantanée d’accéder à une information donnée, qui finissait donc rapidement par se dissiper graduellement, tels les pistils d’un pissenlit sur lequel on aurait gentiment soufflé.

Aujourd’hui, malgré le caractère fugace d’Internet pris comme un tout, la vitesse de transmission de l’information rend difficile l’exercice de ce droit à l’oubli. Même sa consécration jurisprudentielle puis textuelle avec le RGPD ne répond pas totalement à la question de la relativité du temps, entre celui du monde tangible et celui du numérique : une information aura beau être supprimée du web, elle ne pourra l’être des personnes qui l’auront intégrée. C’est face à cette dualité de temps que la question des archives est encore plus problématique que ce qu’elle peut être dans le seul monde analogique : que faire primer, le devoir de mémoire collective ou le droit individuel à l’oubli ? La question se pose désormais pour archive.org, qui choisit pour l’instant, faute de moyens principalement, de répondre positivement aux demandes de suppression.

Le RGPD, lui, dit que “les organismes publics ou privés qui conservent des archives dans l’intérêt public devraient être des services qui, en vertu du droit de l’Union ou du droit d’un État membre, ont l’obligation légale de collecter, de conserver, d’évaluer, d’organiser, de décrire, de communiquer, de mettre en valeur, de diffuser des archives qui sont à conserver à titre définitif dans l’intérêt public général et d’y donner accès.” À lire comme un appel ?

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, avec des moves sur le floor !