Le gros de l’actualité de la semaine, on ne va pas vous l’apprendre, tourne autour de la fin de règne, houleuse s’il en est, d’un certain président américain : si le plus pittoresque s’est passé dans l’univers physique, et plus précisément au Capitole, l’affaire n’est pas sans enjeu pour celui d’Internet et des réseaux sociaux – en témoigne, évidemment, l’expulsion permanente du principal intéressé de Facebook, Instagram et Twitter, mais aussi, de manière plus discrète, un tacle général des plateformes aux différentes sphères d’expression de l’alt-right. Serveurs Discord et AWS, chaîne Youtube, boutiques Shopify (!) : les intermédiaires techniques de l’Internet côté US semblent s’être spontanément entendus pour bloquer massivement comptes d’utilisateurs, forums de discussion voire des sites web entiers, au motif (certes louable) de la lutte contre les propos haineux et incitations à la violence.
Le caractère extrême des circonstances de ces mesures ne doit pas pour autant occulter ce qu’elles sont : des décisions fondées sur les conditions d’utilisation des plateformes concernées, plus que sur une obligation légale ou réglementaire bien déterminée – autrement dit, des décisions politiques, de façon d’autant plus nette que le président Trump n’en était pas à son coup d’essai, ni même probablement à son pire. Où l’on retrouve nos problématiques si chères de liberté d’expression, de justice privée et de leurs difficiles équilibres. Que penser, que faire ? Punir la tardiveté de mesures dont le caractère obligatoire n’avait rien d’évident ? On préfèrera à vrai dire l’option plus subtile retenue par le législateur européen dans le récemment dévoilé Digital Services Act, à l’égard de ces contenus qu’on dit préjudiciables : responsabiliser les acteurs, au sens où l’entend le droit de la compliance, et encadrer leurs politiques et procédures internes. C’est qu’entre leur fonction de nouvelles places publiques, leur responsabilité de fait dans la dissémination de contenus potentiellement contraires à l’intérêt général et leur droit d’entreprises privées à régir leurs propres services, les plateformes soulèvent des questions qui n’admettent pas de réponses univoques.
Pas question bien sûr d’oublier le reste de l’actualité, qui n’a pas oublié d’être riche : les nouvelles dispositions françaises relatives au régime de responsabilité pénale des véhicules autonomes ont été notifiées à la Commission Européenne, comme il se doit ; l’Autorité de la Concurrence fait le point sur 2020 et embraye aussi vite sur la nouvelle année, en reprenant notamment les armes contre Google ; Julian Assange, s’il n’est pas extradé, n’en est pas pour autant libéré. Whatsapp met à jour ses politiques en matière de partage de données avec Facebook, et pas forcément pour le mieux ; si l’UE semble non concernée, le débat sur l’application de messagerie la plus respectueuse de la confidentialité de ses utilisateurs est relancé. Enfin, dans notre petit verre d’eau, le garde des Sceaux est visé par une enquête sur de potentiels conflits d’intérêts, l’Arcep a une nouvelle présidente et le président de l’EFB quant à lui démissionne – vive le président de l’EFB !
On se quittera (pour la semaine, rassurez-vous) avec cette compilation des 10 moments les plus drôles sur Internet en 2020 – on vous laisse seul juge, et si vous avez mieux, vous savez où nous écrire : on est preneurs !
Faites la Maj, et à la semaine prochaine !