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Celle qui ravaude sa robe noire – Maj du 11/12/18

L'actu en bref

Cette semaine, on doit encore vous parler de Facebook et de son “effroyable mois” : pendant qu’un parlementaire britannique publiait 250 pages de mémos internes qui contiennent leur nouveau lot de scandales, l’ADLC italienne lui a imposé une amende de 10 millions d’euros. La semaine n’a pas été beaucoup plus rose pour le reste de la tech : la DAF de Huawei a été emprisonnée au Canada sur demande US, SpaceX a raté un atterrissage de fusée, une erreur d’Ericsson a causé d’importantes pannes mondiales de réseau, Quora a subi une violation de données touchant potentiellement 100 millions de personnes et le PDG de Google passe devant le Parlement américain demain. L’autre sujet de la semaine, l’IA : le Conseil de l’Europe a adopté une charte éthique pour l’IA en justice, tandis que la Commission faisait l’annonce d’un plan coordonné européen pour l’IA et que la France et le Canada annonçaient la création d’un G7 sur l’IA ou “GIA”. Toujours sur ce sujet, notons les avancées d’Alibaba en matière d’assistants vocaux, la lancée par Google du premier service de voiture autonome sur demande à Phoenix, l’appel de Microsoft à la régulation de la reconnaissance faciale, et de nouveaux termes sur le domaine au JO (des nouveautés relatives à Internet aussi). Enfin, en vrac, la France avancera seule sur la taxe GAFAM s’il n’y a pas d’accord européen prochainement, voici la liste des des YouTubers les mieux payés de 2018 et la liste des vidéos les plus vues en France, sur fond de discussions sur le rôle des parents qui font tourner des vidéos à leurs enfants et de deux annonces plutôt stylées : un alunissage chinois sur la face cachée et un salaire minimal pour les chauffeurs VTC à NYC. On se quitte sur une enquête très détaillée sur la tech européenne, des “prévisions choc” de Saxo banque pas inintéressantes, et la carte de l’ARCEP du déploiement de la fibre, éloquente sur la fracture numérique tout en vous permettant de vérifier si vous êtes éligible à un meilleur débit : que du bonheur.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

La couleur des gilets à la mode en ce moment est un rappel, s’il en fallait, de la sensibilité extrême des enjeux relatifs à l’emploi. Si le numérique n’est pas directement en cause dans les manifestations des dernières semaines (en tout cas pas comme dans le cas des luddites dont nous vous parlions il y a quelques temps), son spectre reste omniprésent dans toutes les discussions autour du monde du travail, notamment celui des avocats.

La révolution tertiaire

La grande nouveauté de la révolution de l’intelligence artificielle est en effet que, pour la première fois dans l’histoire de la technologie, les professions intellectuelles sont aussi menacées que les professions manuelles, voire plus. Si le terme d'”intelligence” artificielle est notoirement critiqué pour son inaptitude à décrire la réalité de la technologie (il ne s’agit pas de reproduire une intelligence mais de résoudre des problèmes mathématiques et informatiques sans tenter d’en prévoir toutes les issues en définissant des règles), il n’en reste pas moins qu’il permet de mettre le doigt sur la spécificités des récentes évolutions techniques : pour la première fois, leur but est de s’attaquer à l’ensemble de la société, y compris les métiers et les classes que l’on pensait immuables.

Le bouleversement du secteur tertiaire a ainsi largement commencé au sein de la fintech, où l’abondance de données et le caractère très mathématique du travail ont rendu les développements plus rapides. De l’automatisation croissante des échanges boursiers à la numérisation totale des banques en passant par la blockchain, nombreuses sont les évolutions profondes du monde financier. Les métiers du droit sont plus complexes à comprendre, puisque la donnée est littéraire (notre langage naturel) et beaucoup moins disponible (ce pourquoi l’open data des décisions de justice est si important), la numérisation est également en marche avec le développement des fameuses legaltechs que nous avions déjà évoqué. La question est donc de prédire leur impact sur la profession.

La mutation du marché plutôt que du métier

Peu de gens croient vraiment à la disparition de l’avocat et du juge. Ce serait nier toute la complexité très humaine du fonctionnement de la justice, qui dépend d’un grand nombre de facteurs autres que la pure application syllogistique d’une règle de droit. Le développement de la legaltech, en France comme ailleurs, semble avoir pris bonne note de cette évidence, puisque la majorité des services sont proposés en B2B à destination des avocats et professionnels du droit. De la même manière, il est erroné de penser que les statistiques sur le contentieux (les legal analytics) ont pour but de capitaliser sur les faiblesses du système judiciaire : elles visent au contraire à le renforcer.

À l’inverse, il serait malvenu de penser que le marché ne connaitra pas (si ce n’est déjà le cas) de profondes mutations. On oublie ainsi trop souvent que le bouleversement ne doit pas nécessairement toucher que les missions et les attributions d’une fonction ou d’un métier : il n’y a pas besoin de “remplacer” l’avocat pour changer profondément le métier. Il suffit de rebattre suffisamment les cartes pour que les modes d’exercice traditionnels ne soient plus opportuns, et que le marché change. C’est ainsi les modalités d’exercice qui seront le plus probablement les plus impactées : faut-il encore facturer à l’heure ? La verticalité associés>collaborateurs>stagiaires doit-elle être maintenue ? Les prestations peuvent-elles être “packagées” et vendues telles des biens ? Autant demander, comme le fait le Guardian, si nous sommes en train d’assister à la mort du cabinet d’avocats ? Le cabinet est mort, vive l’avocat !

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, sans sagesse ni cadeaux !