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Celle qui balance le sexisme – Maj du 28/05/19

L'actu en bref

Cette semaine, le RGPD a soufflé sa première bougie de mise en application : c’était un bon prétexte pour permettre à la CNIL de faire le point tout en mettant en ligne un moteur de recherche de DPO. Également une semaine de vote, et donc l’occasion pour Aeon de rappeler l’importance de l’UE pour l’avenir du numérique, idée qui semble avoir été suivie dans les urnes. A noter également la plainte de la Pologne contre la directive droit d’auteur, l’ouverture d’une enquête de la CNIL irlandaise sur les pratiques de Google sur sa plateforme d’enchères de pub, l’adoption de la taxe GAFAM au Sénat, le site service-public.fr fait le point sur l’injure, le droit des marques oblige Usain Bolt à changer le nom de ses trottinettes en libre service, la loi fake news ne peut servir de fondement pour demander le retrait du tweet de Christophe Castaner sur la Salpêtrière, et une journaliste du Monde a été convoquée par la DGSI, pratique qui semble s’être accentuée ces derniers temps alors que la France stagne toujours autour de la 32ème place du classement Reporters sans frontières pour la liberté de la presse. A l’étranger, force est de constater que la relation entre la Chine et les États-Unis est une nouvelle guerre froide qui risque de coûter aussi cher aux boites tech américaines qu’aux chinoises, comme l’a subtilement rappelé la Chine par le biais d’une visite d’une usine d’extraction des métaux rares si indispensables à nos appareils électroniques – un mini réchauffement est en cours avec la suspension des mesures US anti-Huawei jusqu’en août ; Facebook annonce une cryptomonnaie pour 2020 ; et échec des salariés d’Amazon à convaincre ses actionnaires d’en faire plus pour la protection de l’environnement. On se quitte sur le documentaire Internet ou la révolution du partage, librement disponible sur YouTube jusqu’au 6 juin !

Faites la Maj et à la semaine prochaine !

Vous le lisez souvent dans ces lignes, le numérique pose peu de problèmes totalement nouveaux, mais le caractère exponentiellement exacerbé de ceux qu’il catalyse en change l’échelle à tel point que les solutions d’antan ne sont pas toujours les plus adaptées. La situation est différente avec le sexisme : nous sommes loin d’avoir réglé le problème dans le monde analogique, et s’il est encore plus présent dans le monde de la tech, ce n’est que du fait de l’homme.

L’origine du monde informatique

Le constat est en effet sans appel : en 2016, selon le magazine Usine Nouvelle, les femmes ne dirigeaient que 12 % des start-up et elles ne représentaient que 30 % des salariés du secteur, proportion stagnante depuis 2013. Ces chiffres sont corroborés par ceux de la Silicon Valley : seuls 11% des dirigeants et 20% des développeurs de la Silicon Valley sont des femmes, et les chiffres sont similaires pour le monde de l’investissement et du financement de la tech. Bien entendu, cette disparité dans la représentativité va de pair avec une inégalité de rémunération, encore plus forte dans le milieu de la tech que dans le reste de la société. Ces chiffres ne sont pas nouveaux : dès 1997, un article de Business Week titrait “Pourquoi les femmes sont si invisibles“. Cerise sur le gâteau, l’environnement du monde de la tech tend à favoriser les comportements sexistes : une certaine culture “bro” (pour brother) s’est développée dans la plupart des pans de la tech (notons ainsi les variantes vidéoludique brogamer ou de programmation brogrammer), perpétuant les comportements déplacés, voire le harcèlement. Les exemples sont trop nombreux pour être listés, mais les plus marquants sont sans conteste le Gamergate, une campagne de harcèlement de plusieurs journalistes spécialisées en jeu vidéo, et les révélations sur la culture d’entreprise d’Uber, qui ont précipité le départ de son fondateur Travis Kalanick.

Pourtant, le monde de la tech était initialement quasi intégralement féminin ! Cette photo bien connue montre ainsi des femmes en train de programmer l’ENIAC, le premier ordinateur électronique et Turing-complet (ce qui signifie grosso modo que l’on pouvait l’utiliser pour programmer n’importe quel type d’algorithme). Bien que cela soit dû au fait que la programmation était alors perçue comme un “travail de femme“, nécessitant des capacités organisationnelles censées être typiquement féminines, force est de constater que les débuts de l’informatique moderne étaient entièrement féminins. En conséquence, les premières grandes inventions du numérique sont dues à des femmes : notons ainsi le travail de l’informaticienne Grace Hopper, conceptrice du premier compilateur. Même le mot anglais “computer” est étymologiquement lié à la femme : il s’agissait originellement du nom donné aux personnes qui “computaient“, i.e. qui effectuaient des calculs nécessaires à des grandes découvertes, mais jugés fastidieux. Les computers étaient donc principalement des femmes.

L’informatique est un nom féminin

Comme dans les autres pans de la société, la lutte contre le sexisme dans la tech a pris de l’importance ces dernières années. On note d’abord de nombreuses initiatives de dénonciation des comportements déviants, comme celles contre Riot Games ou Google, sans reparler de celle ayant conduit au limogeage du patron d’Uber. Plusieurs associations existent également pour promouvoir la diversité et favoriser l’égalité de parcours dans la tech, comme Women in tech ou Girls who code. Pour aller de l’avant, de nombreuses initiatives de formation se développent, s’adressant à la fois aux femmes pour former plus d’ingénieures informatique, et aux hommes et au monde de la tech pour le rendre plus accueillant. En France, on peut ainsi noter la startup Social Builder ou le choix par l’école 42, déjà épinglée pour des faits de harcèlement, de nommer à sa tête une directrice, ce qui a déjà porté ses fruits.

Si ces progrès et initiatives sont encourageants, la vigilance reste de mise, car l’environnement sexiste du monde de la tech peut impacter le développement des produits informatiques eux-mêmes. Ce n’est pas un hasard si les voix des assistants vocaux sont des femmes : il ne s’agit que de la perpétuation d’un cliché genré. De la même manière, Amazon a mis fin à l’utilisation d’algorithmes de recrutement auto-apprenant après s’être rendue compte que ceux-ci étaient discriminants, puisqu’ils s’étaient fondés sur les chiffres de répartition interne de la masse salariale, déjà biaisés. La lutte contre la reproduction des biais sexistes de notre société dans les produits tech passera ainsi à la fois par l’augmentation du nombre de femmes dans la tech et des actions ciblées, tels que les audits genrés – autant de pistes d’action récemment développées dans un rapport auquel Hugo a participé. Après tout, l’informatique est un nom féminin.

Signé Aeon


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À la semaine prochaine, aussi romantique que la belle et le clochard !