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Celle qui ne veut pas aller travailler – Maj du 05/03/19

L'actu en bref

Cette semaine aura été une semaine en double teinte, marquée par de belles réussites entachées de polémiques : Microsoft a dévoilé une impressionnante deuxième version de ses lunettes à réalité augmentée Hololens, sur fond de polémique contre leur utilisation par l’armée américaine, Tesla a atteint son but de vendre sa Model 3 au prix de 35 000 $ alors qu’Elon Musk a encore fait des siennes sur Twitter, SpaceX a réussi à lancer et faire s’amarrer une capsule habitable à la station spatiale internationale tout en échangeant des amabilités avec l’UE sur le financement spatial, Facebook a annoncé lancer de grandes actions contre les ventes de likes et YouTube s’est engagé à des actions pour protéger les mineurs sur la plateforme, tout en se faisant remonter les bretelles par la Commission en ce qui concerne la mise en œuvre du code de conduite contre la désinformation, et l’application TikTok a dépassé le milliard de téléchargements, tout en signant un protocole transactionnel avec le régulateur américain pour atteinte à la vie privée des mineurs. Notons également côté tech le dépôt du dossier d’entrée en bourse de Lyft, rival d’Uber, et ce alors que la rumeur voudrait que certains chauffeurs profiteront de ces entrées en bourse ; le rapport Person sur les cryptomonnaies a été rendu public ; Spielberg est contre la présence de Netflix aux Oscars ; le Guardian détaille les pratiques de lobbying anti-protection de la vie privée de Facebook ; Kalashnikov, le fabricant des fameuses mitraillettes, dévoile des drones kamikazes ; Mounir Mahjoubi a annoncé le lancement du concours Next40 ; et la DAF de Huawei intente un procès contre les autorités canadiennes critiquant les conditions de son arrestation. Notons également une grosse activité législativo-réglemento-judiciaire, avec l’annonce par Le Maire de l’abandon de la taxe GAFAM européenne et d’une tentative d’accord OCDE, un arrêt de la CJUE sur la balance entre protection des données personnelles et liberté d’expression (journalisme), un point d’étape par l’EDPB appelant à plus de moyens pour les CNIL, la levée de la mise en demeure CNIL contre Vectaury, la Cour de cassation a renvoyé à la CJUE des questions préjudicielles sur l’accès à la profession d’avocat par passerelle par des fonctionnaires européens, la directive droit d’auteur n’a plus qu’à passer l’étape du vote au Parlement, l’avocat général de la CJUE ne veut pas imposer de ligne téléphonique directe à Amazon, les policiers municipaux vont être équipés de caméras-piétons, et le lancement par la FTC de la première action contre une boite de faux avis positifs sur Amazon. On se quitte sur les 10 technologies de 2019 selon Bill Gates et un article du Monde expliquant pourquoi il n’y aura pas d’emoji raclette.

Faites la Maj, et à la semaine prochaine !

Nous avons déjà évoqué les tensions qui peuvent exister entre le monde du travail et la technologie, surtout quand celle-ci promet de faciliter le travail pour in fine le remplacer. On parle cependant peu de l’autre face de la médaille, celle du travail créé par la technologie, et pourtant : le sujet est peut-être moins prégnant dans l’imaginaire collectif puisqu’il n’implique pas un chômage de masse, mais il est tout aussi primordial à traiter collectivement.

Le sens de la technologie

Si l’art peut être “inutile”, dans le sens où une œuvre peut n’être que belle sans forcément avoir de sens, la technologie, elle, est censée avoir un but, une raison d’exister. On n’innove pas pour rien, ou alors on disparait rapidement. On peut comparer l’innovation technologique aux mutations génétiques, dont seules les plus utiles se perpétuent. De la même manière, on peut rappeler que l’invention brevetable est souvent définie comme une “réponse technique à un problème technique” et que l’application industrielle est une condition de brevetabilité. La plupart du temps, le but de la technologie et de l’innovation sera de nous rendre la vie plus simple, plus agréable. D’une certaine manière, cette définition est tautologique : si on n’innove principalement que pour résoudre des problèmes, il va de soi que la technologie a pour but de simplifier notre existence.

C’est par exemple le cas de l’intelligence artificielle, dont les promesses croissent aussi rapidement que l’on ajoute des couches de neurones à nos algorithmes. L’IA permet de traiter des données en quantités astronomiques, pour en tirer des corrélations et des inférences que nous n’aurions pas pu déterminer par nos propres moyens. Ce faisant, l’IA peut trouver à s’appliquer dans quasiment tous les pans de la société, mais rarement pour nous remplacer totalement. Les métiers du futur seront ainsi des métiers qui reposeront grandement sur une collaboration avec l’IA, et qui nécessiteront une capacité à affiner le gros œuvre qui aura été effectué par nos algorithmes. En ce sens, c’est donc un premier bouleversement qui est amené par la technologie, non pas en créant de nouveaux métiers, mais en redéfinissant complètement ceux que nous connaissions et pratiquions déjà. C’est d’ailleurs ce qui pousse certains observateurs à appeler à investir dès maintenant et massivement dans la formation, pour développer les compétences d’apprentissage et d’adaptabilité, qui seront primordiales dans ce monde de demain.

L’effet papillon

Mais le futur est déjà aujourd’hui et les mirages encore lointains d’un monde où les tâches rébarbatives seront traitées par algorithme et seuls les aspects stimulants de nos métiers nécessiteront notre attention est encore bien loin. Entre temps, la technologie, et surtout Internet et le numérique, ont participé à la création de nouvelles formes de travail, et pas forcément les plus stimulantes. On pense tout d’abord à la vague d’applications “collaboratives“, qui sont en fait des machines à créer de l’emploi libéral et peu qualifié : peut-on vraiment dire que les chauffeurs Uber et les livreurs Deliveroo participent à une économie collaborative ? Alors que l’idée renvoie à la contribution de manière horizontale de plusieurs personnes à un même projet, force est de constater que l’économie “collaborative” telle qu’existante sert surtout à bousculer le transport à échelle locale, qu’il s’agisse de transport de personnes ou de biens. Là encore, le numérique ne créé pas de nouveaux métiers, mais permet la multiplication de petits boulots en optimisant la gestion de l’espace et du temps. Est-ce si étonnant que ces chauffeurs et livreurs commencent à demander la requalification de leurs contrats en contrats de travail, et à gagner ?

De manière plus insidieuse, des métiers vraiment nouveaux sont également apparus, et ils sont bien peu reluisants : ils consistent à effectuer des tâches extrêmement répétitives et simples mais qui requièrent tout de même un jugement humain qu’une machine ne pourrait reproduire que très difficilement et avec un fort taux d’erreur. Il en va ainsi de la modération de propos tendancieux sur Facebook, une armée de personnes étant nécessaire au traitement quotidien du flot d’immondices générées sur la plateforme et non censurées a priori par une intelligence artificielle, ou encore de l’annotation de contenus dans le but d’entrainer des intelligences artificielles (regarder 1 million de photos de chats et de chiens en les annotant “chat” ou “chien”). Derrière l’IA, il y a ainsi des heures de classement et d’identification de données et contenus dans le but de permettre à l’algorithme de comprendre ce qu’il est censé détecter, et ce travail est généralement effectué par des humains.

Se posent ainsi de multiples questions : ces nouveaux métiers sont-ils vraiment ce que nous attendons du numérique ? Mais, en cas de réponse négative, comment s’en passer si leur but est justement de permettre des innovations technologiques et la simplification générale de nos modes de vie ? Force est également de constater que ces boulots sont principalement exercés par les classes les moins aisées, et participent ainsi de l’élargissement de la fracture numérique : de la main d’œuvre peu chère annote de la donnée pour quelques dollars en Inde, pour qu’une startup puisse lever des centaines de millions en Californie. Une sorte d’effet papillon du monde moderne, où l’humain sert la technique pour que l’humain en profite.

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine tout en précision !