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Celle qui se lit de chez soi – Maj du 17/03/20

L'actu en bref

Cette semaine, la vie a changé, et, une fois n’est pas coutume, nous profitons de cette première phrase pour espérer que tout se passe bien pour vous et vos proches (compte tenu de la situation). La pandémie de COVID-19 est bien entendu le principal sujet de la semaine, et en plus de notre édito, voici quelques infos qui peuvent être utiles : si vous ne devez lire qu’un seul article, faites que ce soit celui-ci du Washington Post sur pourquoi le confinement est LA meilleure façon de gérer la crise et pourquoi il est donc urgent et nécessaire de voir apparaitre une véritable mobilisation citoyenne – une restriction temporaire de nos habitudes peut sauver des vies – pour certains le message se traduit simplement en stay the fuck home ; voici comment gérer votre connexion Internet face à une possible saturation – version spéciale WiFi ; voir aussi la page de Bercy sur les mesures pour les entreprises, une super page de l’AFP sur les conseils à NE PAS suivre, et l’impact positif du confinement sur les émissions de dioxyde d’azote ; et ne pas oublier de faire le point sur l’activité judiciaire en période de confinement (très faible, on le comprend). Si vous les avez ratées hier soir, les dernières news sont le report de toutes les réformes en cours (y compris donc la loi contre la haine en ligne et la loi audiovisuelle) ; les déplacements sont interdits sauf dérogation devant être justifiée par une attestation que vous pouvez télécharger ici ou rédiger sur papier libre ; report du second tour des municipales au 21 juin – beaucoup de constitutionnalistes considèrent que cela revient à invalider le premier tour. On ne sait pas si une version signée électroniquement est acceptée. Pendant ce temps en Belgique on franchit un pas supplémentaire en utilisant les données télécoms pour lutter contre l’épidémie.

Sur des sujets moins viraux, Yuka est condamnée pour dénigrement ; Google est condamnée en Suède (à 7 millions d’euros) à propos du droit à l’oubli ; Apple est sanctionnée d’une amende de 1,1 milliards d’euros par l’Autorité de la concurrence pour des pratiques abusives à l’encontre de ses distributeurs – c’est la plus lourde sanction jamais prononcée par l’ADLC ; et l’avocat à l’origine de l’arrêt Uber en donne son interprétation. À noter aussi la stratégie de contrôle de la CNIL pour 2020, qui comprend les cookies et traceurs ; l’appel des professionnels de justice pour un plan d’urgence ; et Bertrand Pailhès (parti à la CNIL) est remplacé par Renaud Vedel en tant que coordonnateur national pour l’intelligence artificielle. Enfin, on note rapidement dans le monde tech le lancement prochain de Disney+ en France, pile pour le télétravailconfinement de vos enfants ; la portabilité entre Facebook et Google Photos ; et le départ de Bill Gates du CA de Microsoft. On se quitte sur ces deux façons de lutter contre le coronavirus : l’achat de panneaux sur Times Square par le cofondateur de reddit vs le plus grand rassemblement de Schtroumpfs à Landerneau.

Faites la Maj, restez chez vous, et à la semaine prochaine !

Commençons par le nécessaire et l’évident, nous espérons qu’aucun(e) d’entre vous, ami(e) lecteur(rice), ni aucun(e) de vos proches n’est affecté(e) par celui-dont-on-peut-prononcer-le-nom (mais-c’est-plus-léger-dit-comme-ça).

Nous voici donc en confinement. On ne vous fera pas l’affront de réitérer ici les consignes de sécurité que vous connaissez déjà – pas plus qu’on ne s’essaiera à en inventer, refusant en ceci de contribuer aux fake news en circulation. En revanche, nous pouvons partager avec vous nos meilleurs conseils de télétravail, et plus si affinités, pour une quarantaine réussie (osons le mot).

Chaussures d’intérieur et cybersécurité

On ne paraîtra pas s’avancer outre mesure en supposant que vous faites partie, comme nous, de cette catégorie de la population active qui peut exercer son activité depuis chez elle sans difficulté majeure. Le juriste, en tous cas, n’a pas besoin de gros outils pour son métier, et ce serait presque avec sérénité que nous redécouvrons la frugalité de notre art – un ordinateur, une connexion Internet (nous y reviendrons), et c’est reparti.

La seule exigence, bien naturelle, est celle de la sécurité de nos données professionnelles – par hypothèse confidentielles, si ce n’est sensibles – celles de nos clients, partenaires et entreprises. Connexion sécurisée, VPN, firewall sont autant de basiques à (re)vérifier – voir aussi la version hardcore de l’ANSSI, pour ceux qui veulent s’essayer au niveau supérieur. L’expérience est d’ailleurs l’occasion d’appliquer le même niveau d’exigence à nos données non professionnelles – un grand ménage de printemps de votre système d’informations, c’est bien de saison.

Cela étant dit, nous ne sommes pas de purs esprits, et le télétravail ne va pas sans sa part de risques psychosociaux, a fortiori en période de confinement. Aussi est-il essentiel de ne céder ni aux sirènes du lâcher-prise ni à celles du mélange des genres, et d’au contraire cloisonner ses journées, sans oublier d’y mettre les temps de pause nécessaires (all work and no play makes jack a dull boy – souvenez-nous). Cela commence certes par s’habiller (allez, debout !), et avec style : enfilez-donc vos plus beaux souliers d’intérieur – vos pieds le méritent. Pour une pause détente maligne, vous avez le choix, depuis la salle de concert virtuelle de la Philharmonie de Berlin, jusqu’à un cours d’harmonica quotidien avec l’ancien musicien de Johnny. Vous pourrez aussi apprécier ces conseils d’habitués du télétravail.

Au bout du compte, tout se résout à la notion d’hygiène – hygiène de vie, hygiène numérique seront les meilleures alliées de votre home office. Avec un peu de chance, l’expérience ne sera pas si désagréable ; vous aimerez peut-être même tellement ça que vous ne voudrez plus jamais retourner à l’école – au bureau, pardon.

La sensation d’une présence

Plus sérieusement : si tout cela est possible – télétravail, téléloisir (littéralement – pas votre magazine préféré) – c’est qu’Internet est passé par là. Nous découvrons ainsi, non sans quelque étonnement, comme une large part de notre métier, et notre existence même au sens le plus large, sont d’ores et déjà connectées au point de se poursuivre sans trop de souffrances sur un mode purement numérique.

Profitons donc de cet épisode de crise pour méditer un peu sur notre condition, et prendre un peu de recul : dans quelle mesure y a-t-il du sens à parler de confinement lorsque toute la vie, y compris sociale, semble pouvoir être vécue depuis le nœud réseau qu’est notre foyer ? A bien y réfléchir, l’essentiel des commodités du quotidien sont en effet à peine altérées : la plupart d’entre nous n’ont d’ailleurs pas attendu la situation actuelle pour profiter des courses à distance, de la télémédecine, du télétravail ou des cours en ligne. Nous continuons d’échanger avec nos proches dans des conversations de groupe Whatsapp, où messages textes, photos, vidéos et audios recomposent à s’y méprendre la sensation d’une présence.

Ce constat semble accréditer une théorie qui nous est chère, ici chez Aeon, à savoir qu’un contact, un échange, une expérience, une activité vécu(e) par le biais du réseau Internet n’est pas moins réel(le) ni moins source d’émotions (positives ou négatives) que le même contact, le même échange, la même expérience ou la même activité vécu(e) dans l’univers « physique ». La facilité relative avec laquelle nous maintenons les liens de notre existence à travers ce réseau, et même la gratitude que nous avons de son existence en des heures qui, sans lui, eussent été autrement plus difficiles, semblent une preuve indiscutable de l’indifférence fonctionnelle entre la vie connectée et la vie tout court.

Et pourtant. On ne saurait faire fi du sentiment de désarroi qui a semblé nous saisir tous à l’annonce approchante des mesures de confinement, ni discréditer nos plaintes et râleries comme le reliquat réactionnaire d’un âge passé. Il est né de cette interdiction de se fréquenter afk (away from keyboard – les vrais savent) un sentiment d’inconfort qu’on ne saurait réduire à l’accroissement de certaines contraintes purement pratiques : il semble bien qu’un besoin social, existentiel, ait été touché – et l’on se gardera bien ici de tomber dans le cliché du français-en-terrasse, tant nous ne saurions nous prévaloir d’un quelconque monopole en la matière.

En un mot, l’expérience du confinement semble faire la preuve cruciale, tout à la fois, de ce qu’Internet a irrigué, en la facilitant, la quasi-totalité des pans de notre vie quotidienne (professionnelle et personnelle), et de ce que nous ne sommes pas encore prêts, pour autant, à mener une vie exclusivement numérique.

On ne sait s’il faut s’en réjouir ou le déplorer, et même, pour faire bonne mesure, reconnaît-on par avance la possibilité et la légitimité d’expériences contraires en la matière. Alors, puisque nous en sommes tous là, en pyjama dans le canapé (pas de mensonges) – puisque nous sommes tous présents, comme connectés, parlons un peu : comment ça va, vous ?

Le Gif de la semaine


À la semaine prochaine, en suivant toutes les préconisations de santé !