Toc Toc Toc… toc… toc… toc…
Aeon s’avance en toge.
Aeon : “Alors que le règlement e-Privacy, portant avec lui le vaste projet d’aménager le droit des cookies et autres traceurs, est enfin en passe d’être finalisé et présenté pour discussion au parlement européen, Google, dans un récent billet de blog, vient d’annoncer qu’elle comptait faire le choix du ciblage publicitaire par non-cookie tiers en axant ses futurs développements autour du FLoC (Federated Learning of Cohorts) : une technologie qui permettrait de conserver le meilleur du ciblage sans le profilage individuel, au bénéfice de la vie privée. Du win-win ? “On ne juge que sur pièce, il faudra voir”, nous dit NextInpact, “c’est dead, le vrai binz est le ciblage, point barre” nous dit quant à elle, à sa manière et dans son langage, l’Electronic Frontier Fondation. “Y aura-t-il encore une place pour la concurrence ?” s’enquièrent certains, “mais que diable allons-nous faire dans cette galère ?” s’inquiètent, dans la même veine, les éditeurs de presse.” On ne badine pas avec le Web, Acte I, Scène 1.
Entracte
(Guignol : “Mais où sont donc passées mes données de santé, vous les avez vues les enfants ?”).
L’on identifie qu’une fuite de données est suffisamment grave quand la CNIL sort du bois pour communiquer aux personnes concernées, en marge du responsable de traitement, sur les mesures palliatives qu’elles peuvent mettre en œuvre et les recours dont elles disposent pour obtenir une indemnisation (Gnafron : “Attention Guignol, tu devrais utiliser l’authentification à multiples facteurs”). On le voit également quand cette même CNIL use de sa compétence tirée de l’article 21 de la LIL en cas d’atteinte grave et immédiate aux droits et libertés des personnes concernées pour obtenir le blocage éclair, par les FAI, des sites permettant l’accès aux données dérobées (Le gendarme : “Plus personne ne passe ici, là-bas, et là, ohohoh”). Cela ne fait plus de doute, la compromission récente du fichier des 500.000 patients des laboratoires du Nord Ouest est l’une des plus importantes à laquelle la France a du faire face (Le voleur : “je suis bien caché derrière ce buisson, hihihihi”). De là à voir un lien de cause à effet avec l‘orientation des contrôles à venir autour des thèmes de la cybersécurité et des données de santé (et des cookies), il n’y a qu’un pas. On a trop badiné avec la data, acte I, Scène I.
Rideau
L’avocat allemand : “j’en ai marre de me faire spammer toute la journée, je vais bien les enquiquiner et les assigner pour 2 euros de préjudice”
On a trop badiné avec la data, acte II, Scène I et IV.
Rideau
Le Choeur : “Il s’est fait condamner pour vol en Estonie sur la base de ses communications électroniques communiquées par les FAI. Que va-t-il faire ? Que va-t-il faire ? Y a t’il seulement quelque chose à faire ?”
Il introduit de multiples recours juridictionnels, lesquels l’amènent à saisir la juridiction unioniste sur question préjudicielle. La CJUE, apparaît, dans toute la beauté de sa rectitude. Elle s’est apprêtée et tient, dans sa main gauche, une version enluminée de la directive ePrivacy et, dans sa main droite, une balance. Sur sa tête, un minuscule chapeau.
La CJUE : “Les plateaux de la balance doivent toujours être à l’équilibre, l’accès à ces données par l’autorité publique doit être limitée aux infractions les plus graves, grosso modo“.
Le Choeur : “Grosso modooooo”
On a trop badiné avec la data, Acte III, Scène unique.
Rideau
Une journaliste de 20 minutes : “vous souhaitez être interrogés sur l’algorithme de lutte contre la fraude fiscale de Bercy?”
Mathias et Adrien : “Bien sûr”
On a trop badiné avec la data, Acte IIIbis, Scène unique.
Entracte
“ohlala, t’en penses quoi ?” ; “Moi je trouve ça pas mal” ; “Sérieux ? ah non, moi les mises en scène contemporaines, ça commence à me gaver. Ca dure des plombes, c’est surintellectualisé juste pour se rendre intéressant auprès des 4 personnes qui ont fait la même école que le metteur en scène. C’est au dessus de mes forces”. “Bon bah on y va alors, on lira le résumé du reste sur internet” “Ouais, allez, on va même se faire un kebab parce qu’on est méritant”.
lofficieldesspectacles.fr
“Dans la deuxième moitié de sa production, alors que le public est déjà en extase, Jean Michel de la Saynète continue de surprendre, de dérouter, en abordant, tout aussi pêle-mêle que finement, l’ouverture prochaine d’une procédure contre Apple par la DG Comp sur les plaintes de Spotify, le Conseil d’Etat qui autorise de se rendre chez son avocat après le couvre-feu, l’abandon des discussions législatives sur l’avocat salarié, la répercussion par Google de la taxe GAFAM sur les annonceurs ou encore, les difficultés rencontrées par les femmes face au télétravail. Comme si ce n’était pas tout, la Saynète met un coup de projecteur grandiose sur le redressement judiciaire de Blade, le fameux éditeur français du service de cloud gaming Shadow, qui espère pouvoir être repris par Octave Klaba, lequel prépare parallèlement l’introduction en bourse d’OVH. Il temporise ensuite, aidé par le jeu d’un Guillaume Planche, magnétique, au sommet de sa carrière, pour évoquer en dernier acte le passage de François Hollande sur Twitch, la lutte des services de renseignement des Etats Membres contre les restrictions sur les traitements de données (et, évidemment, le deux poids deux mesures avec les renseignements américains) ainsi que l’explosion de la dernière fusée de Space X. Et enfin, parce que la Saynète reste la Saynète, comment ne pas voir dans ces deux petits pixels qui flottent au milieu de l’espace, en scène final, devant le parterre encore haletant, une explication pédagogique des tokens non fongibles qui font aujourd’hui rage sur toutes les blockchains, et une révérence au groupe Kings of Leon, qui s’en est emparé. Un manifeste splendide du destructuralisme à la française. Faites la Maj et à la semaine prochaine”