Il y a quelque chose d’extraterrestre dans l’actualité cette semaine – comme si désappointés du plancher des vaches, il ne nous restait que l’observation du ciel pour rêver mieux. On nous apprend non seulement qu’il sera bientôt possible de faire disperser les cendres d’un proche décédé sur la Lune – c’est de bon goût -, mais aussi que les séjours prolongés dans l’espace produisent de curieux effets sur le corps humain, allant jusqu’à modifier l’ADN et la forme du cœur. Plus poétique, c’est une carte 3D de la Voie lactée que l’on vous propose d’explorer, ou encore de suivre l’analyse des fragments d’un astéroïde carboné plein de promesses quant aux sources de la vie tout en pleurant la disparition du mythique observatoire d’Arecibo. Et puis il y a cette affaire de monolithe, Ziggy Stardust pétroglyphe apparaissant de loin en loin, jusqu’aux abords d’une antique forteresse dacique ; alors que d’aucuns y voyaient venir déjà le grand finale spielbergien de cette rocambolesque année 2020, quelle n’est pas notre déception d’apprendre, des dires d’un observateur local, que ledit artefact semble avoir été déposé puis récupéré par quatre quidams équipés d’une brouette.
Et si l’actualité du moment était à l’image de ce monolithe ? On devine quelque chose de commun, en effet, entre cette image très 7ème compagnie et les vicissitudes d’un législateur trop téméraire, qui recule en France sur le projet de loi Sécurité globale, et à Bruxelles sur son Digital Markets Act ; que penser, de même en France, de cette décision de “transposer par anticipation” certaines dispositions du Digital Services Act relatives aux intermédiaires techniques, alors que l’on ne sait même pas encore si matière il y aura à transposition, et que l’histoire récente regorge d’exemples de ces initiatives nationales en pure perte ? Autant de déclarations d’un bouleversement cosmique dans l’ordre législatif, que l’on vient ou viendra retirer piteusement, de nuit, à la brouette ; en politique, on parle d’effets d’annonce, puis de rendez-vous manqués, et ce n’est pas anodin pour la crédibilité de la norme. S’il ne faut, dit-on, légiférer que d’une main tremblante, on recommandera donc à certains d’arrêter les bêta-bloquants.
Le reste de l’actualité n’est pas moins agité, cependant : une petite tempête s’est déclarée au sein de Google à la suite d’une chercheuse spécialisée en éthique de l’IA tandis que Facebook est poursuivie pour discrimination aux Etats-Unis et qu’Apple fait l’objet de nouvelles attaques sur l’obsolescence programmée de ses ordiphones (oui) ; en France les avocat.e.s sont (eux aussi) dans la rue contre la loi Sécurité globale, avec des fumigènes, le Président de la République annonce la création d’une plateforme dédiée contre les violences policières et le comité d’éthique du Ministère de la Défense approuve l’ouverture de travaux sur le soldat augmenté – l’histoire ne disant pas si ledit soldat sera sur ladite plateforme. Côté tech, Libra a changé de nom et Ethereum devient Ethereum 2.0 ; vos masques anti-Covid ne vous protègeront pas de la reconnaissance faciale (laquelle, cela dit, ne vous protègera pas non plus de la Covid), et l’intelligence artificielle (toujours elle) a découvert comment les structures tridimensionnelles des protéines se forment à partir de chaînes linéaires d’acides aminés (vous allez enfin pouvoir dormir tranquille).
Il y a sûrement un sens à donner à tout cela – si vous le trouvez, prière de nous le signaler ; nous viendrons le récupérer, cette nuit, avec une brouette. En attendant, faites la Maj, et à la semaine prochaine !