“Paix impossible, guerre improbable” – c’est avec ces 4 mots que Raymond Aron a défini la Guerre Froide. Si les notions de paix et de guerre ont bien évolué depuis, notamment avec l’évolution de la cybersécurité et de l’utilisation des réseaux sociaux pour diffuser le soft power, la citation semble être toujours aussi pertinente pour décrire l’état du monde.
Cette semaine, Mounir Mahjoubi est passé sur YouTube, une QPC a remis en question les redevances sur les photos du domaine public, le Royaume-Uni a considéré qu’on pouvait consentir (en ligne) à partir de 13 ans, tandis que la Cour d’appel de Paris a publié un guide à destination des praticiens pour aider à évaluer le préjudice économique.
Surtout, il a été question de la Russie. Il est désormais certain que le Kremlin a influé sur les élections américaines par le biais des outils les plus utilisés des États-Unis, à savoir Google, Facebook et Twitter. Si ces révélations posent évidemment des questions sur le rôle de ces acteurs et de leurs algorithmes dans notre société, la problématique principale est géopolitique : comment répond-on à l’ingérence d’un autre État dans des élections souveraines, quand cette ingérence passe par l’achat de publicités ciblées par des tiers ? La géopolitique est également au cœur des réflexions d’Eric Schmidt (PDG d’Alphabet, la holding de Google) sur la course à l’IA avec la Chine – IA qui est aussi à l’honneur avec un article sur les robots créateurs. Dans la série des questions existentielles de la semaine, nous vous proposons de vous poser celle-ci en plus : hacker un sextoy, est-ce une agression sexuelle ? On conclut cette semaine avec une consultation UE sur la fiscalité des géants du web, un bel outil de la CNIL pour contrôler son déréférencement et une étude sur l’impact environnemental du Bitcoin. Enfin, Hugo vous propose une réflexion sur l’état de la régulation du net au travers de citations de Lawrence Lessig.
Faites la Maj, et à la semaine prochaine !
Ce qu'on lit cette semaine
#démocratie
#troll
#fakenews
#GAFAM
#guerrefroide
126 millions d’américains ont été exposés à des contenus postés sur Facebook ; des vidéos ont cumulé 309 000 vues sur YouTube ; 1,4 millions de tweets ont été affichés plus de 288 millions de fois sur Twitter : voilà l’ampleur chiffrée de l’ingérence Russe dans les élections américaines. Pendant plusieurs jours, les directeurs juridiques de Google, Facebook et Twitter se sont succédés devant le Sénat américain pour tenter d’expliquer comment leurs algorithmes si sophistiqués ont pu être manipulés si aisément par la Russie. Le but de ces contenus ? Exacerber les tensions et élargir au maximum le fossé déjà profond entre militants démocrates et républicains. La prochaine question sera de déterminer à quel point cette manipulation a influé sur le choix des électeurs et le résultat de l’élection. Une chose est sûre, la question de la régulation des algorithmes et des géants du web est loin d’être réglée.
Pour aller plus loin, lire la couverture de Recode ou du NY Times.
#iot
#cybersécurité
#rubriquesexo
Quelle qualification pénale pour le hacking de sextoy connecté ? Avec le développement de l’internet des objets, la connectivité tend à se répandre dans les usages les plus inattendus et même, comme l’illustre cet article, dans la sphère de l’intime. Illustration de ce que la cybersécurité permet aussi de protéger l’intégrité physique des personnes, ce cas de figure serait peut-être également l’occasion d’éprouver la limite de la distinction entre deux infractions : le viol et l’agression sexuelle.
#fiscalité
#GAFAM
#onditoptimisationpasévasion
Faut-il faire payer plus d’impôts aux entreprises du net, et si oui, comment ? Après deux années ponctuées d’événements d’ampleur, la question est toujours bouillante : l’Irlande a été enjointe de réclamer 13 milliards à Apple, Amazon a reçu l’ordre de verser 250 millions au Luxembourg, pendant que Google gagnait son procès fiscalité en France et s’engageait à payer 306 millions à l’Italie et l’Irlande. Plus récemment, plusieurs pays se sont déclarés en faveur d’une réforme de la fiscalité du numérique, à l’initiative de Bruno Le MinistreMaire. En écho à ces multiples événements, la Commission Européenne a décidé de rendre la parole au public, au travers d’une nouvelle consultation publique (accessible ici).
#donnéespersos
#déréférencement
#costeja
#unpluginpourlesgouvernertous
Le LINC (Laboratoire d’Innovation Numérique de la CNIL), toujours soucieux de mettre les nouvelles technologies au service de la protection des données personnelles, dévoile aujourd’hui un outil permettant à l’internaute ayant exercé son “droit à l’oubli” de vérifier si les mesures demandées ont bien été prises par les moteurs de recherche concernés. Disponible sur la plupart des grands navigateurs, cette extension open source offre ainsi un moyen simple et efficace de contrôler sa e-réputation en toutes circonstances, en facilitant la recherche parmi les innombrables pages de résultats. Pour le futur nouveau “droit à l’oubli” du GDPR, étendu bien au-delà des moteurs de recherche, il faudra cependant inventer encore autre chose…
#IA
#google
#fuitedescerveaux
#quandlachines'éveillera
Des propos sans langue de bois de la part d’Eric Schmidt, président exécutif d’Alphabet, la fameuse holding du groupe Google : où l’on apprend que dans la course à l’IA, le concurrent chinois remonte le peloton à toute allure, et que les États-Unis ont tout intérêt à revoir leur politique migratoire s’ils veulent conserver leur avance. Une vision pragmatique, qui rappelle à raison que l’intelligence artificielle présente aussi des enjeux géopolitiques majeurs ; on déplorera quand même que la question de la régulation soit encore et toujours présentée comme un frein à l’innovation, et partant laissée de côté – à quand une vraie réflexion, pluridisciplinaire, sur le sujet ? En France, tous nos regards se tournent vers la mission Villani…
#blockchain
#bitcoin
#c'estchaudçabrûle
Par delà la critique de son éventuel caractère hautement spéculatif, il semblerait que les détracteurs du Bitcoin peuvent désormais compter sur une nouvelle ligne d’argument pour le moins surprenante : l’impact environnemental induit par son minage. Les estimations de cet article effraient mais rappellent également, alors qu’on l’oublie souvent, que l’immatériel et le matériel sont les deux côtés d’une même médaille.
#algorithme
#presseenligne
#fairelebuzz
#15photosdepetitschatstropmignons
Une plongée dans les méandres de l’infotainment, ou comment les nouveaux rois de la “presse en ligne” surfent sur les sujets de société pour maintenir le buzz permanent, et (surtout) garantir aux annonceurs publicitaires des audiences nombreuses et réceptives. A l’heure où les algorithmes sont de plus en plus décriés en raison de la “bulle informationnelle” qu’ils contribuent à entretenir, le risque apparaît donc double : un contenu ciblé et consensuel, et en plus déterminé par de pures logiques publicitaires. La boucle est bouclée lorsque Google modifie ses propres critères de référencement pour rejeter vers le bas ces nouveaux “sites à clic” : l’information de demain sera-t-elle une guerre d’algorithmes ?
#IA
#droitd'auteur
#barricadezvosfenêtres
Epineuse question que celle des logiques propriétaires autour des créations produites par l’intelligence artificielle. Cet article dessine certains des grands enjeux auxquels le droit d’auteur va devoir faire face dans un avenir proche. Adaptation des catégories juridiques existantes ? Implosion de la sacro-sainte figure de l’Auteur ? Droit sui generis ? Les paris restent ouverts mais l’on voit déjà les parties prenantes seller et brider leurs chevaux de bataille en prévision d’une confrontation doctrinale meurtrière.
#consommation
#droitdescontratsspéciaux
#onafrôlél'approchesub-sectorielle
Après avoir déposé une proposition de directive tendant à harmoniser, entre les Etats Membres, les règles applicables aux contrats de consommation conclus en ligne ou à distance ayant pour objet la vente d’un bien, la Commission Européenne a récemment souhaité l’étendre aux contrats conclus en face à face. Par la modification de sa proposition, la Commission entend ainsi éviter la création de trop grandes divergences de régime, préjudiciables à la fois pour les consommateurs et les vendeurs.